https://fr.wikipedia.org/wiki/Première_conférence_de_La_Haye:
Le 14 août 1898, Nikolaï Mouraviov, ministre des Affaires étrangères du tsar Nicolas II adressa au pape Léon XIII une lettre pour lui faire part d'un projet de conférence internationale pour « mettre un terme aux armements incessants et rechercher les moyens de prévenir des calamités qui menacent le monde entier ». La Russie souhaitait y associer le Saint-Siège.
15 septembre 1898, le Saint-Siège répondit par une lettre préparée, sous la responsabilité du cardinal Rampolla, secrétaire d'État, par Mgr della Chiesa, futur pape Benoît XV. La lettre, tout en saluant l'initiative russe, exposait quelques principes. Il s'agissait de fonder la paix sur le « droit public chrétien ». Le document déplorait que l'on ait voulu jusque là « régler les rapports des nations par un droit nouveau, fondé sur l'intérêt utilitaire, sur la prédominance de la force, sur le succès des faits accomplis, sur d'autres théories, qui sont la négation des principes éternels et immuables de justice ». C'est « l'erreur capitale qui a conduit l'Europe à un état désastreux ». Le pape souhaitait « faire pénétrer dans les esprits des peuples l'idée chrétienne de justice et d'amour (...), rappeler les nations aux devoirs réciproques de fraternité (...), inculquer le respect des autorités établies par Dieu pour le bien des peuples (...), opposer au droit de la force la force du droit ».
Le 30 décembre 1898, Mouraviov envoya un second courrier au pape, dans lequel il proposait un programme en huit points qui serait soumis aux pays participants. Le cardinal Rampolla répondit que le Saint-Siège était favorable à la mise en place d'une instance internationale de médiation et d'arbitrage.
Cependant, le gouvernement italien envoya une note aux grandes puissances pour s'opposer à la participation du Saint-Siège à la conférence. Selon les dirigeants italiens, le Saint-Siège ne pouvait prétendre être représenté dans une conférence internationale réunissant des représentants d'États souverains, du fait que le pape n'était plus un souverain temporel. Lorsque la circulaire officielle d'invitation fut envoyée le 6 avril 1899, le Saint-Siège ne figurait pas parmi les puissances invitées. Léon XIII se félicita de la tenue de la conférence, mais manifesta son regret que l'Église n'ait pas été associée à cet effort de pacification : « Se promettre une prospérité véritable et durable par les purs moyens humains serait une vaine illusion. De même ce serait recul et ruine que tenter de soustraire la civilisation au souffle du christianisme qui lui donne sa vie et sa forme, et qui seul peut lui conserver la solidité de l'existence et la fécondité des résultats »1.
[...]
[1] Yves Chron, Benoît XV Le pape de la paix, Perrin, p. 62-64
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