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Notes
[1] Gilles Deleuze, « À propos des nouveaux philosophes et d’un problème plus général », supplément au n°24, mai 1977, de la revue bimestrielle Minuit.
[2] LCI, 24 juin 1999. Edwy Plenel avait également rassuré ses fans sur France culture : « pourquoi, depuis que je suis directeur de la rédaction du Monde - alors que je sais écrire , - je ne signe plus dans Le Monde ? [...] Parce que mon rôle n’est pas celui-là. Je suis un chef cuisinier. [...] Je ne suis pas là pour me mettre sur la photo » (France culture, 19 février 1998, souligné par nous).
[3] C’est en 1994 que Plenel fit, en personne, la recension louangeuse - en « une » du Monde - du livre de BHL La pureté dangereuse. PLPL a relevé qu’entre avril 1996 et janvier 1997, BHL avait utilisé sa chronique du Point pour célébrer Plenel et Le Monde au moins trois fois : 12.04.96, 27.07.96, 11.01.97. Il avait aussi, à deux reprises, publié dans Le Figaro la critique d’ouvrages d’Edwy Plenel (21.6.99 et 9.11.01). De son côté, Plenel avait glorifié BHL au moins quatre fois dans « Le Monde des idées », son émission de LCI : 18.10.97, 14.11.98, 15.1.00 et 27.10.01. Au moment de publication du livre de Pierre Péan et Philippe Cohen, La Face cachée du Monde (2003), BHL fut un des rares avocats du quotidien et de ses méthodes. L’immense majorité des intellectuels qui avaient colonnes ouvertes dans Le Monde ont d’ailleurs gardé le silence sur cette affaire.
[4] Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1996, p. 70. Illustration : dans Le Monde des livres du 27 février 2004, le célèbre historien Robert O. Paxton s’abaisse à faire la recension d’un essai anodin de Jean-Marie Colombani et Walter Wells. Quelques semaines plus tard, une pleine page en ouverture du Monde des Livres (14 mai 2004) chante les louanges de l’historien et de son dernier livre.
[5] L’élite journalistique française raffole du procédé qui consiste à ratifier scientifiquement les lieux communs en citant à l’appui des thèses les plus conformistes des auteurs réputés difficiles ou subversifs qu’on affecte d’avoir lus voire redécouverts.
[6] Dans Le Monde, par exemple, qui publiait au milieu des années 90 deux volumes de « grands entretiens » initialement recueillis dans le cadre des pages « débats » sous la responsabilité de Jean-Marie Colombani. On pense aussi au Nouvel Observateur, qui s’est souvent prévalu de parrainages prestigieux (Sartre, Foucault), mais auquel son directeur de la rédaction Laurent Joffrin a assigné d’autres ambitions, moins intellectuelles, puisqu’il qualifia un jour son hebdomadaire de « Gala pour riches » (cité par François Ruffin, Les petits soldats du journalisme, Paris, Les Arènes, 2002).
[7] Le soutien apporté au mouvement des chercheurs au printemps 2004 par Le Monde, Libération et par la plupart des magazines de centre-gauche contraste ainsi avec la morgue qu’inspira à ces mêmes publications le mouvement contre la réforme des retraites du printemps 2003. Fait rarissime, la protestation des intellectuels fut six fois promue à la « une » du Monde entre le 3 et le 11 mars 2004 (5 fois sur quatre colonnes). Outre leur très grande proximité sociale avec les journalistes, les chercheurs possèdent une qualité qui les rend admirables au Monde : ils sont de très gros consommateurs de presse vespérale. Lire à ce sujet PLPL n° 19, avril 2004.
[8] A ce propos, voir notamment Le Pouvoir du Monde, de Bernard Poulet.
[9] Pierre Rosanvallon, Le Monde, 22 novembre 2002.
[10] Le Monde et ses dirigeants ont célébré la majorité des ouvrages publiés par La République des Idées. Le 22 novembre 2002, le quotidien consacrait sa « une », deux pleines pages et une partie de son supplément « livres » au livret de 94 pages signé Daniel Lindenberg, Le rappel à l’ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires. Peu après, Edwy Plenel recevait Lindenberg sur LCI : « Il y a un livre, un livre qu’il faut lire d’urgence. Qui ne plaît pas à certains, mais qui m’a beaucoup plu » (16.11.02). Recevant Pierre Rosanvallon sur LCI le 11 janvier 2003, Plenel prévenait : « On va continuer à suivre cette vie des idées, notamment ce que fait, ce que publiera la République des idées cette année ». Et pas seulement sur LCI : le 18 juin 2003, Le Monde publiait une tribune d’Olivier Mongin, vice-président de la République des idées ; la note-biographie expliquait que ce texte « introduira le cycle de conférence Grand Angle, ‘Quelles valeurs pour quelle Europe ?’, organisé par le Mécénat Altadis et La République des idées ». Le 18 janvier 2004, Plenel recevait sur LCI Bruno Tertrais, auteur de La Guerre sans fin : L’Amérique dans l’engrenage, collection La République des Idées, Seuil : « Il est jeune mais ne le perdez pas de vue parce que ce petit livre, il est pas cher, mais il nourrit toutes les analyses sur ce qui se passe en Amérique ». Deux semaines plus tard, l’invité du « Monde des idées » était... Pierre Rosanvallon (31 janvier 2004), déjà convié quelques jours plutôt par Jean-Marie Colombani à débattre sur France Culture dans l’émission « La rumeur du monde ». [Ces éléments sont tirés du dossier « Les ours savants du social-libéralisme » publié par PLPL, n° 18, février 2004.].
[11] Lire par exemple le philosophe Michel Onfray théorisant son omniprésence médiatique sous couvert de considérations plus générales : « Autre raison de se réjouir : la possibilité de faire entendre une partie de ses idées à la télévision [...] Cessons de croire qu’il existe une ligne de fracture entre les philosophes médiatiques et les autres. [...] L’apparition d’un philosophe critique à la télévision vaut surtout par la possibilité de mettre à disposition des pistes tierces à ceux qui l’écoutent » (Le Monde diplomatique, octobre 2004, p. 30-31).
in: http://www.acrimed.org/article1809.html
P.s: Tout cela étant évidemment très intéressant à lire aujourd'hui.
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