Ce trésor perdu, c'est ce que les Américains appelaient hier le « bonheur public » et qui avait pour noms, dans la France du xviiie siècle, la « liberté publique » ou le « bien public », c'est-à-dire un monde commun, un espace où la liberté se crée et se partage. Etienne Tassin, professeur à l'université de Paris-IX-Dauphine, montre que la philosophie de Hannah Arendt, en évoquant ce trésor perdu, nous rappelle constamment à quoi sert la politique : elle est ce qui donne naissance à un monde qui peut être commun, car « c'est dans la mesure où les actions sont politiques que le monde peut être partagé ».
Sur ce vivre ensemble exigé par la philosophie de H. Arendt, beaucoup de pages ont déjà été écrites. Mais la véritable originalité de cet ouvrage réside dans l'analyse qui est faite de ce que l'auteur nomme l'acosmisme du monde moderne. Il désigne ainsi la dissolution de notre rapport au monde qui est le fait aussi bien du totalitarisme politique que de l'arraisonnement du monde par la technoscience. Il décrit avec justesse la destruction de la dignité humaine par le totalitarisme et développe les différentes dimensions de l'aliénation présentes dans le monde moderne, comme la disparition de l'oeuvre dans la notion de travail, ou la substitution du faire à l'agir dans la politique de l'Homo faber. L'intérêt essentiel de ce livre réside sans doute dans la manière habile et didactique dont il établit les rapports qui unissent l'acosmisme ou le nihilisme à l'aliénation.
http://www.scienceshumaines.com/le-tresor-perdu-hannah-arendt-l-intelligence-de-l-action-politique_fr_219.html
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