http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/03/26/un-concert-de-punk-annule-pour-incitation-au-viol_4602028_3224.html:
La mobilisation des féministes a été plus qu’efficace. Le groupe nantais de musique punk Viol ne se jouera pas sur la scène de La Mécanique ondulatoire vendredi 27 mars. La salle parisienne, située dans le 11e arrondissement, a annulé l’événement mercredi 25 mars à la suite de la pression des associations féministes, notamment Les Effrontées.
En cause : « Les paroles de leur chanson phare intitulée Viol [produite en 2009] qui, sous couvert d’un style trash et prétendument anticonformiste, est un appel sans ambiguïté à ce crime sexiste », dénonce ce collectif. L’association appelle même à la dissolution du groupe et promeut « une loi globale contre le sexisme ».
Les paroles de la chanson « Viol »
« Petite bourge endimanchée, Tu contournes les rues mal famées. Préparée pour ton blaireau de copain, Prépare-toi à encaisser mon gourdin !
Dans la rue tu m’as provoqué ; Petite pute à souliers ! Tu pensais te faire sauter par ton mec, Mais dans une poubelle je vais te prendre à sec !
Viens, connasse ! Ici, dans ta face ! Ouvre-toi, putain ! Le viol, mon instinct !
Comme c’est bon de te violer, Toi qui ne m’étais pas destinée. Tu chiales, affalée dans mon sperme ! C’est ta faute, alors tu la fermes ! »
La salle de concert s’est excusée sur Facebook : « La Mécanique ondulatoire est un bar antiraciste, antifasciste, pro-LGBT, prolibertaire et proféministe. » Etonnant, alors, d’avoir programmé un tel groupe. « Il ne faut pas beaucoup de jugeote pour accueillir un groupe qui fait l’apologie d’un crime », s’emporte le maire du 11e arrondissement, François Vauglin.
Dans une interview à Noisey, Samuel, le chanteur du groupe, s’est exprimé au sujet des paroles de cette chanson : « On les a écrites avec l’ancien batteur et sa copine de l’époque, j’avais 18 ans, c’était fin 2009 il me semble, avec comme objectif de faire le truc le plus « abusé » possible (...). Le viol est une chose abjecte et c’est justement ça le but : écrire une chanson abjecte pour dénoncer le truc. »
Plainte contre le groupe
La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait saisi le préfet mercredi 25 mars pour signaler un trouble à l’ordre public. Finalement, l’annulation du concert a permis de ne pas faire appel aux forces de l’ordre. Hélène Bidard, adjointe (PC) à la mairie de Paris chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes, s’est entretenue à ce sujet avec la secrétaire d’Etat chargée du droit des femmes, Pascale Boistard. Ensemble, elles veulent réfléchir dans les prochains jours sur les suites à donner à cette affaire.
Toutefois, Isabelle Béguin, avocat à la cour spécialiste en droit de la fonction publique, précise qu’il « n’est pas possible de dissoudre un groupe de musique puisqu’il ne possède pas de personnalité juridique ». Mme Bidard assure que ses membres « ne se produiront plus sur une scène parisienne avec de tels textes. Nous allons lancer une réflexion pour voir s’il est possible d’interdire le groupe. Il faut une tolérance zéro sur les violences faites aux femmes ».
Depuis l’annulation du concert, l’association Les Effrontées a décidé de porter plainte contre le groupe punk. Me Avi Bitton, avocat pénaliste, explique « qu’aucune sanction n’est prévue dans le Code pénal pour incitation au viol. Néanmoins, une disposition [l’article 24] de la loi de 1881 sur la presse prévoit qu’inciter des personnes à commettre un crime tel que le viol est un délit pénal même si l’incitation n’a pas été suivie d’effet ». Les membres du groupe encourent 5 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
En 2013, le rappeur Orelsan avait déjà été poursuivi par des associations féministes, dont l’action avait finalement été jugée prescrite en appel le 31 mai 2014. Il avait été condamné en première instance à 1 000 euros d’amende avec sursis pour injure et provocation à la violence à l’égard des femmes par le tribunal correctionnel de Paris. Sa chanson « Sale Pute » lui avait valu d’être déprogrammé de plusieurs festivals, dont Les Francofolies à La Rochelle.
Selon le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, 16 % des femmes déclarent avoir subi des viols ou tentatives de viol au cours de leur vie.
Yohan Blavignat
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P.s: Au chapitre qui s'occupe de la protection de la jeunesse face auX mondes médiatiques. Car la violence et le discours de haine se diffusent au moyen de l'industrie dite créative. L'industrie du divertissement. Les jeuX et les clips inclus. La presse également assez impliquée parfois. Même en Hollande. Le Conseil de l'Europe a travaillé ces questions. Des gouvernements ont préféré ignorer ces recommandations. Questions trop compleXes sans doute... ou négligence. Voire manquement grave.
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