donderdag 23 januari 2014

Comment circule l'information et qui est faiseur d'opinion?...

http://www.franceculture.fr/emission-l-esprit-public-thematique-la-democratie-des-credules-avec-gerald-bronner-2014-01-05

Gérald Bronner, vous êtes sociologue, professeur à l’université Paris Diderot et codirecteur du Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain. Vous êtes membre de l’Institut universitaire de France. Vous travaillez sur les croyances collectives. Vous avez reçu le prix de l’Académie des sciences morales et politiques en 2003 pour L’Empire des croyances, et le prix européen des sciences sociales d’Amalfi en 2009 pour La Pensée extrême.

En mars dernier, vous avez publié aux Presses Universitaires de France La démocratie des crédules. Dans cet essai, vous mettez en lumière un paradoxe. Alors que nous disposons aujourd’hui de la plus grande masse d’information jamais accumulée, les croyances et les théories du complot prennent le pas sur le discours scientifique et méthodique.

Vous nous expliquez par de nombreux et riches exemples les mécanismes qui expliquent ce paradoxe. Vous tordez le coup au passage à une idée reçue : la crédulité ne diminue pas avec le niveau d’éducation, au contraire. Vous citez Paul Bert qui disait « avec la science, il n'y aura plus de superstitions ni de croyances aux miracles, plus de coups d'Etat ni de révolutions. » Or sur des sujets comme les OVNI, la télépathie ou le spiritisme, les cadres supérieurs sont statistiquement plus croyants que les ouvriers ou les agriculteurs. Vous mettez en lumière « les biais cognitifs » qui sont des travers de notre esprit paresseux. Face à toute difficulté intellectuelle, nous préférons les conclusions hâtives aux raisonnements méthodiques. Vous citez aussi Francis Bacon, qui écrivait au XVIe siècle, « l’entendement humain, une fois qu’il s’est plu à certaines opinions (parce qu’elles sont reçues et tenues pour vrai ou qu’elles sont agréables) entraine tout le reste à les appuyer ou à les confirmer ».

Les travers de la société de l’information renforcent nos défaillances intellectuelles. L’inflation des données disponibles sur internet propage les rumeurs infondées que vous appelez « légendes urbaines ». Vous écrivez par exemple que pour une croyance irrationnelle donnée, Google propose 80% de sites favorables à la croyance et 20% de sites sceptiques. L’information sérieuse est certes disponible sur internet mais ce sont les thèses conspirationnistes qui bénéficient de la mise en réseau. Des éléments de natures diverses sont juxtaposés, et produisent une masse d'arguments propices au doute.

La tendance à la crédulité est aggravée par le comportement des journalistes. Ils veulent être les premiers à publier une nouvelle « en temps réel » même s’ils ne l’ont pas vérifiée. Ainsi de l’affaire Patrice Alègre en 2001, dans laquelle Dominique Baudis avait été injustement accusé des plus noirs forfaits. Ces accusations avaient été largement relayées dans la presse, sans aucune précaution. Leurs auteurs n’avaient fait l’objet d’aucune sanction.

Vous montrez enfin que la démocratie porte en elle l’excessive crédulité, au nom de ce que vous appelez « le triumvirat j’ai le droit de savoir, j’ai le droit de dire, j’ai le droit de décider ». Les citoyens refusent de laisser les experts décider, mais ils manquent de compétences scientifiques et techniques. La délibération donne l’avantage aux militants, qui sont les orateurs les mieux armés. L’exigence de délibération publique aboutit donc la plupart du temps à une demande de moratoire. Ainsi progresse ce que vous appelez « l'idéologie de la précaution ».

Invités

Jean-Louis BOURLANGES, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

Max GALLO, romancier et historien

Thierry PECH, directeur de la rédaction d'Alternatives Economiques

Invité(s) :
Gérald Bronner, sociologue, professeur à l’université Paris-Diderot (Paris-VII)

Geen opmerkingen:

Een reactie posten