Sur l'âne...

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"L'âne selon Buffon, né à Montbard (Côte-d'Or), 1707-1788... - 1 -", un billet du 2 décembre 2012:

L'âne n'est point un cheval dégénéré; il a, comme tous les autres animaux, sa famille, son espèce et son rang; son sang est pur, et quoique sa noblesse soit moins illustre, elle est tout aussi bonne tout aussi ancienne que celle du cheval: pourquoi donc tant de mépris pour cet animal si bon, si patient, si sobre, si utile? Les hommes mépriseraient-ils, jusque dans les animaux, ceux qui les servent trop bien et à trop peu de frais? On donne au cheval de l'éducation, on le soigne, on l'instruit, on l'exerce, tandis que l'âne, abandonné à la grossièreté du dernier des valets ou la malice des enfants , bien loin d'acquérir, ne peut que perdre par son éducation; il est le jouet, le plastron, le bardeau (la risée) des rustres qui le conduisent le bâton à la main, qui le frappent, le surchagent, l'excèdent sans précaution, sans ménagement. On ne fait pas attention que l'âne serait par lui-même, et pour nous, le premier, le plus beau, le mieux fait, le plus distingué des animaux, si dans le monde il n'y avait point le cheval; il est le second au lieu d'être le premier, et par cela seul il semble n'être plus rien: c'est la comparaison qui le dégrade, on le juge, non pas en lui-même, mais relativement au cheval; on oublie qu'il est âne, qu'il a toutes les qualité de sa nature, tous les dons attachés à son espèce; et on ne pense qu'à la figure et aux qualités du cheval, qui lui manquent, et qu'il ne doit pas avoir.

De Buffon.

P.s: En remerciant le lecteur qui est passé par là...