zondag 7 juli 2013

Hybris&Némésis...

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L’hybris (aussi écrit hubris, du grec ancien ὕϐρις / húbris) est une notion grecque que l'on peut traduire par démesure. C'est un sentiment violent inspiré par les passions, et plus particulièrement par l'orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance, et la modération. Dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime. Elle recouvrait des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et le vol de propriété publique ou sacrée1. On en trouve deux exemples bien connus : les deux discours de Démosthène, Contre Midias et le Contre Conon.

Sommaire
1 Mythologie
2 La notion d'hybris
3 Littérature et morale 3.1 Autres mythes reliés

4 Notes
5 Sources
6 Voir aussi 6.1 Articles connexes
6.2 Bibliographie

Mythologie

Dans la mythologie grecque, Hybris est une divinité allégorique personnifiant l’hybris. Eschyle lui attribue pour mère Dyssebia (l'Impiété)2 tandis qu'Hygin la range parmi les enfants de la Nuit et de l'Érèbe3. Certains manuscrits de la Bibliothèque du pseudo-Apollodore font état de son commerce amoureux avec Zeus, qu'elle aurait rendu père du dieu Pan, mais le nom d'Hybris provient peut-être d'une mauvaise lecture de celui de la nymphe arcadienne Thymbris. Le plus souvent, c'est Coros, le dieu personnifiant la Satiété, que lui attribue pour fils Pindare4.

La notion d'hybris

La déesse Némésis tenant la roue de la fortune, statue en marbre du IIe siècle, Villa Getty
La religion grecque antique ignore la notion de péché tel que le conçoit le christianisme. Il n'en reste pas moins que l’hybris constitue la faute fondamentale dans cette civilisation. Elle est à rapprocher de la notion de moïra, terme grec qui signifie entre autres « destin5 ». Les anciens concevaient en effet le destin en termes de partition. Le destin, c'est le lot, la part de bonheur ou de malheur, de fortune ou d'infortune, de vie ou de mort, qui échoit à chacun en fonction de son rang social, de ses relations aux dieux et aux hommes6. Or, l'homme qui commet l’hybris est coupable de vouloir plus que la part qui lui est attribuée par la partition destinale. La démesure désigne le fait de désirer plus que ce que la juste mesure du destin nous a attribué.

Le châtiment de l’hybris est la némésis, le châtiment des dieux qui fait se rétracter l'individu à l'intérieur des limites qu'il a franchies. Hérodote l'indique clairement dans un passage significatif :

« Regarde les animaux qui sont d'une taille exceptionnelle : le ciel les foudroie et ne les laisse pas jouir de leur supériorité ; mais les petits n'excitent point sa jalousie. Regarde les maisons les plus hautes, et les arbres aussi : sur eux descend la foudre, car le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure7. »

Si l’hybris est donc le mouvement fautif de dépassement de la limite, la némésis désigne le mouvement inverse de la rétractation vengeresse.

L’hybris n'est pas réservée aux personnages de la mythologie, du domaine de l'imaginaire ni des héros de tragédie, c'était aussi la faute de personnages réels, dont par exemple Socrate accuse Alcibiade dans les livres de Platon, et dont traite Pausanias dans Le Banquet, où l'hybris est considéré comme un défaut caractéristique de la jeunesse. Dans l'organisation sociale archaïque d'Homère, lorsqu'il y a meurtre, la famille ou entourage proche du défunt poursuit personnellement l'accusé, mais celui-ci peut faire intervenir son clan et demander l'abandon des poursuites contre une rançon appelée en l'occurrence « prix du sang ». Dans son Traité des Lois, Théophraste dit qu'il y a à Athènes deux sortes d'autels de justice : autels de la Vengeance et autels de l'Injure, en fait des pierres sans taille faisant office de tribunes devant l'Aréopage. L'autel du poursuivant s'appelait la pierre de l’anésie (ἀναιδεία), c'est-à-dire celle de la vengeance inflexible, qui refuse de recevoir le prix du sang (αἰδεῖσθαι). Celle de l'accusé s'appelait la pierre de l’hybris, c'est-à-dire de l'orgueil qui pousse au crime8.

Littérature et morale

La mythologie regorge de récits mettant en scène un personnage puni pour son hybris envers les dieux : Tantale, Minos, Atrée, etc., sont tous maudits pour cette raison. Dans la Théogonie d'Hésiode, les différentes races d'hommes (de bronze, de fer, etc.) qui se succèdent sont de même condamnées pour leur hybris. D'une certaine manière, la faute d'Agamemnon dans le premier livre de L'Iliade relève de l’hybris en tant qu'il dépossède Achille de la part de butin qui devrait justement lui revenir.

Dans cet extrait d'Aristote9, où hybris est traduit par « outrage » :

« V. Celui qui outrage méprise. En effet, l'outrage c'est le fait de maltraiter et d'affliger à propos de circonstances qui causent de la honte à celui qui en est l'objet, et cela dans le but non pas de se procurer autre chose que ce résultat, mais d'y trouver une jouissance. Ceux qui usent de représailles ne font pas acte d'outrage, mais acte de vengeance.
VI. La cause du plaisir qu'éprouvent ceux qui outragent, c'est qu'ils croient se donner un avantage de plus sur ceux auxquels ils font du tort. Voilà pour quoi les jeunes gens et les gens riches sont portés à l'insolence. Ils pensent que leurs insultes leur procurent une supériorité. À l'outrage se rattache le fait de déshonorer, car celui qui déshonore méprise, et ce qui est sans aucune valeur ne se prête d’aucune estimation, ni bonne, ni mauvaise. De là cette parole d'Achille en courroux : Il m'a déshonoré, car, pour l'avoir prise (Briséis), il a l'honneur qu'il m'a ravi ; et cette autre : Comme un vil proscrit… Ces expressions excitent sa colère. »

L'hybris est souvent considérée comme l’hamartia (« erreur » : la folie) des personnages des tragédies grecques et la cause de la némésis qui s'abat sur ces personnages. Toutefois, les tragédies ne présentent qu'une petite portion des hybris de la littérature grecque et, généralement, l'hybris a lieu de par des interactions entre mortels. En conséquence, il est le plus souvent admis que les Grecs ne considéraient pas l'hybris religieusement et encore moins que c'était chose normalement punie par les dieux10. La conception de l’hybris comme faute détermine la morale des Grecs comme étant une morale de la mesure, de la modération et de la sobriété, obéissant à l'adage pan metron (en grec ancien παν μετρον , qui signifie littéralement « de la mesure en tout », ou encore « jamais trop » et « toujours assez ». L'homme doit rester conscient de sa place dans l'univers, c'est-à-dire à la fois de son rang social dans une société hiérarchisée et de sa mortalité face aux dieux immortels.

Autres mythes reliés

Le mythe de Prométhée
Le mythe d'Icare
Le mythe de Lucifer
Le mythe de Bellérophon
Le mythe d'Arachné
Le mythe de Niobé
Mythes reliés aux enfers : le mythe de Tantale et le Mythe de Sisyphe
Le mythe d'Œdipe
Le mythe d'Iblis

Notes

1.↑ (en) Douglas MacDowell, « Hybris in Athens », dans Greece and Rome no 23 (1976), p. 25.
2.↑ Eschyle, Euménides [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], 532
3.↑ Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne [archive]], préface.
4.↑ Pindare, Odes [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] Olympiques, XIII, 10 ; Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], VIII, 77, 1.
5.↑ Synonyme aussi de part, sort, lot ou portion.
6.↑ Voir, dans l'article Moïra, la partition du monde opérée par les trois grands Cronides, qui détermine le destin de chacun.
7.↑ Hérodote, VII, 10.
8.↑ Voir Schœmann, Griechisch Staais alterthümer, t. I, p. 471 et Dugit, Étude sur l’Aréopage athénien, p. 120
9.↑ Rhétorique, II, 2, traduction de Ch. Emile Ruelle (1922) [lire en ligne [archive]].
10.↑ MacDowell, p. 22.

Sources

Pindare, Odes [détail des éditions] [lire en ligne] (Olympiques, XIII, 10).

Voir aussi

Articles connexes
Moïra
Némésis

Némésis

Némésis tenant la roue de la fortune. Statue en marbre du IIe siècle, Villa Getty.
Dans la mythologie grecque, Némésis (en grec ancien Νέμεσις / Némesis) est la déesse de la juste colère des dieux, parfois assimilée à la vengeance. Le nom de Némésis dérive du verbe grec νέμειν (némeïnn), signifiant « répartir équitablement, distribuer ce qui est dû ». La mythologie romaine en reprend un aspect sous la forme d'Invidia, soit « l'indignation devant un avantage injuste1 ». Elle est aussi interprétée comme étant un messager de mort envoyé par les dieux comme punition.

Le substantif « némésis » est employé par antonomase pour désigner la colère ou la vengeance divine2.

Sommaire
1 Mythe
2 Culte
3 Sources
4 Notes
5 Voir aussi

Mythe

Elle est présentée comme la fille de Nyx (la Nuit) seule3 ou plus rarement de la Nuit et de l'Érèbe (Hygin et Cicéron), mais d'innombrables sources (Pausanias, Nonnos de Panopolis et Tzétzès) la présentent comme née d'Océan sans que le nom de sa mère (Téthys ?) ne soit mentionné par un seul de ces auteurs. Dans les textes orphiques[Où ?], elle est généralement présentée sous le nom d'Adrastée et est donnée pour la fille née sans père de la Nécessité. Des traditions isolées la nomment néanmoins « fille de Zeus » (Homerica Cypria, Fragment 8) sans mentionner le nom de sa mère, d'autres la prétendent née de Dikê, la Justice personnifiée. Hésiode4 l'associe étroitement à la déesse Aidos qui symbolise à la fois la Pudeur et le Respect et prétend que lorsque la Race de Fer aura remplacé celle des héros, Aidos et Némésis abandonneront définitivement l'humanité à son (triste) sort pour remonter dans l'Olympe.

Elle représente la justice distributive et le rythme du destin. Par exemple, elle châtie ceux qui vivent un excès de bonheur chez les mortels, ou l'orgueil excessif chez les rois. Elle fut aimée de Zeus et pour échapper à son étreinte, elle se transforma en oie ; mais lui se changea en cygne. Elle pondit un œuf qu'elle confia à Léda, et duquel naquirent deux paires de jumeaux : Hélène et Clytemnestre ainsi que Castor et Pollux. Une tradition isolée prétend qu'elle engendra les Telchines de son union avec le Tartare (Bacchylide, Fragment 52).

Chez Homère, Némésis n'est utilisé que comme personnification d'une chose abstraite. Dans la Théogonie, Hésiode évoque « Némésis, fléau des hommes mortels5 ». Némésis apparaît sous une forme encore plus concrète dans un fragment des Chants cypriens.

Némésis est l'exécutrice de la justice, la justice de Zeus, retransmise par Hermès selon l'organisation olympienne du monde, mais il est clair qu'elle lui a préexisté car ses images l'associent à plusieurs déesses qui sont des manifestations de l'ancienne Grande Déesse : Cybèle-Rhéa, Déméter et Artémis.

Némésis, en tant que principe opposé à la bonne fortune, a pu être associée à Tyché. Le mot Némésis, à l'origine, signifiait « qui dispense la fortune, ni bonne ni mauvaise, simplement dans la proportion due à chacun selon ses mérites » ; puis, le ressentiment provoqué par n'importe quelle perturbation de cette proportion. O. Gruppe (1906) et d'autres préfèrent relier le nom au « juste ressentiment ». Paul Mazon, dans sa traduction des Travaux et les Jours (Belles Lettres, éd. de 1977) propose le terme de Vergogne.

Dans les tragédies grecques, Némésis apparaît principalement comme vengeresse des crimes et celle qui punit l’hybris, elle est alors apparentée à Até et aux Érinyes. Elle s'est parfois appelée Adrastée, ce qui veut dire probablement « de qui on ne peut échapper » ; son épithète Érinys (« Implacable ») est particulièrement appliquée à Déméter et à Cybèle. C'est ainsi qu'au 48e et dernier chant des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis, elle châtie l'orgueilleuse nymphe chasseresse Aura (Brise) à la prière d'Artémis, offensée par cette dernière. Toutefois, par souci de justice, elle punit Aura moins durement que la déesse ne l'aurait souhaité (elle prétendait voir l'imprudente jeune femme changée en statue de pierre).

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