donderdag 11 juli 2013

Postmodernisme bien compris...

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Derrida et la pensée chrétienne

L’approche de Baring est à la fois historique et biographique. Les premiers et derniers chapitres examinent le contexte historique de la philosophie française dans les années 1940, 1950 et 1960, tandis que le cœur du livre développe une analyse des textes de Derrida à travers cette même période. Dès le début, il s’attaque aux mythes qui entourent le fameux philosophe : selon Baring, le lien entre les racines algériennes de Derrida et sa philosophie sont faibles (p. 10). Ce n’est pas à cause de ses expériences de juif algérien « marginalisé » qu’il va créer par la suite une méthode philosophique aux marges des grandes tendances de l’époque. Au contraire, Baring soutient que le jeune Derrida voulait à tout prix s’intégrer dans la vie intellectuelle métropolitaine, et en particulier celle de Paris. Sa pensée doit être comprise avant tout par rapport aux « multiples pressions de la vie académique de la capitale » (p. 20).

Il convient donc de rentrer dans les grands débats philosophiques de la fin des années 1940 afin de comprendre comment ils ont pu influencer Derrida. Le plus important fut de loin la polémique autour de l’interprétation sartrienne de l’existentialisme. À travers une analyse judicieuse, Baring montre à quel point les réactions à la conférence de Sartre intitulé L’existentialisme est un humanisme (1945) dépendait d’une confrontation entre communistes et catholiques. Après la Libération, chaque groupe voulait s’approprier sa propre définition de l’« humanisme » et ainsi asseoir sa légitimité dans un contexte politique incertain. A l’époque Derrida n’était qu’un élève passionné de philosophie à Alger mais la polémique autour de l’existentialisme était présente dès ses premières dissertations ; suivant l’approche sartrienne, le jeune lycéen va voir en Heidegger et Husserl des humanistes existentialistes. Cependant, on voit déjà apparaître un deuxième élément de la pensée de Derrida qui restera présent à travers toute son œuvre de jeunesse : la philosophie chrétienne.

En insistant sur l’importance de la philosophie chrétienne, Baring modifie sensiblement notre vision de Derrida. On découvre un philosophe imprégné par les grands mouvements de la pensée chrétienne française de l’après-guerre. Déjà au lycée, Derrida cherchait à tempérer le « nihilisme » et « l’athéisme » de Sartre en faisant appel à un dieu transcendantal. Quand il arrive à l’ENS en 1952, il est plongé dans un milieu fortement politisé et il se voit obligé de dissimuler ses tendances chrétiennes mais des traces restent visibles dans ses écrits. Dans son mémoire de 1954, il intègre l’existentialisme de Kierkegaard et le « mysticisme » de son directeur de thèse Maurice Patronnier de Gandillac dans une analyse « transcendantale » du concept de « genèse » dans l’œuvre de Husserl. Plus tard, en 1962, il reprend des thématiques de la philosophie chrétienne dans son introduction L’Origine de la Géométrie de Husserl. Selon Baring, c’est dans ce texte peu connu que Derrida « compare l’indétermination de l’idée infini, comme pole idéal qui est transcendant à l’histoire, à Dieu » (p. 170). Le philosophe parvient ainsi à réconcilier Husserl et une interprétation chrétienne de Heidegger.

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Emile Chabal, « Derrida : un intellectuel marginal ? », La Vie des idées, 10 juillet 2013. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Derrida-un-intellectuel-marginal.html

Et cet âne qui écrit ici fait un peu pareil peut-être... Il décortique sans perdre de vue l'essentiel... À bon entendeur salut.

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