zaterdag 19 april 2014

Écologie... TOUS les acteurs invités à la réfleXion...

L’interdépendance est une des caractéristiques de l’écologie. En matière humaine, il y a interrelation de fait entre notre comportement individuel, l’engagement dans des collectifs intermédiaires et l’état de la planète. Les recommandations suivantes s’adressent à tout citoyen qui cherche à construire une société plus égalitaire et conviviale en harmonie avec les possibilités matérielles de la biosphère.
Aujourd’hui se constitue progressivement un peuple écolo dont les idées vont structurer la pensée et l’action tout au cours du XXIe siècle. Nous sommes tous potentiellement partie prenante de ce changement. Ci-dessous une ébauche de vade-mecum (va-avec-moi) de l’écologiste, à garder toujours en tête. Mais à chacun de trouver sa propre voie.
Présentation synthétique du VADE-MECUM de l’écologiste
1) Les écologues indiquent que tous les indicateurs sont au rouge
2) Tous les citoyens sont écologistes par définition
3) Un écologiste montre l’exemple par son comportement
4) Notre action obéit au principe de la non-violence
5) Notre pensée intériorise les intérêts de TOUS les acteurs
6) Un lieu à privilégier, la communauté de résilience
7) Un écologiste s’inscrit dans des réseaux et partage l'information et la bonne conduite
8) Une conception écologique du social et de l’économique
9) Un engagement qui ne peut être que politique et social, voire culturel

DEVELOPPEMENT

1) Les écologues indiquent que tous les indicateurs sont au rouge
Le mot écologie a été inventé en 1866 pour désigner une science naissante qui étudie le biotope (territoire offrant des possibilités de vie durable pour une espèce) et la biocénose (ensembles des êtres vivants dans un même milieu). Etude longtemps limitée à des milieux naturels spécifiques, l’écologie est devenue une approche globale des problèmes. Les écologues, porteurs de l’écologie scientifique, démontrent que tous les indicateurs de la planète sont dégradés (stress hydrique, épuisement des ressources fossiles, des réserves halieutiques, des sols…, réchauffement climatique, etc.).
Les crises écologiques, à commencer par la descente énergétique qui va impacter tout notre tissu productif, s’ajoutent à la contrainte financière qui a déjà fait ses effets. Nous nous dirigeons avec une forte probabilité vers l’effondrement de la société thermo-industrielle. Loin du catastrophisme, nous devons faire preuve de réalisme et réagir par rapport à toutes ces menaces.
2) Tout les citoyens sont écologistes par définition
Par définition, tous les citoyens sans exception sont concernés par l’écologie, c’est-à-dire la meilleure manière de parler (logos) de notre maison la Terre (éco, oïkos). Nous sommes tous plus ou moins victimes et responsables du niveau insupportable d’exploitation de la planète qui ne peut que renforcer l’exploitation inadmissible de l’homme par l’homme. Nous sommes donc tous amenés à avoir un comportement écologique.
L’écologie déborde largement la division droite/gauche. Travailleurs ou capitalistes, riches ou pauvres, nous sommes sur la même planète, limitée dans ses possibilités. Nous devons apprendre à partager l’espace et les ressources, non seulement avec les autres humains, mais aussi avec toutes les autres espèces (la biodiversité). L’écologisme marque l’abandon de l’anthropocentrisme et les avancées de l’humilité.
3) Un écologiste montre l’exemple par son comportement
L’écologie montre que le tout et ses parties sont indissociables. C’est la somme des comportements individuels qui fait évoluer la société, c’est la société ainsi créée qui formate les individus. Nous fonctionnons en effet socialement par interaction spéculaire : « Tu fais, parce que je fais, parce que nous faisons tous ainsi. » Le changement social résulte donc de notre exemplarité dans notre comportement écologique. Soyons le changement que nous voulons voir pour ce monde.
Le mode de vie à l’occidentale est bien au-dessus des possibilités de la planète (cf. l’empreinte écologique), ce qui nécessite une cure d’austérité. Cela présuppose aussi la lutte contre les inégalités. Individuellement nous devrions adopter le principe suivant : Faire preuve le plus possible dans ma vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire avec autrui une société plus conviviale et plus égalitaire. Comme à l’impossible nul n’est tenu, à chacun de faire son possible pour (re)trouver le sens des limites et la simplicité volontaire. L’écologiste doit s’interroger sur la véritable signification de sa prétendue liberté, y compris en matière de procréation ; place à une démographie responsable.
4) Notre action obéit au principe de la non-violence
C’est l’obéissance servile aux mécanismes actuels de détérioration de la biosphère et des rapports humains qui nous prépare l’arrivée d’un autoritarisme. Nous savons que nous sommes tous profondément déterminés par les conditions sociales qui nous sont faites, le parcours de nos parents, notre statut professionnel, etc. Mais nous pouvons penser autrement et pratiquer la désobéissance civile. Nous pourrions tous être des objecteurs de conscience, des technocritiques, des objecteurs de croissance, des lanceurs d’alerte… Il faut savoir résister de façon appropriée à la société industrielle de consommation et du spectacle. Non-violence ne veut pas dire passivité.
La force de la vérité pèse dans nos raisonnement, mais cette vérité n’est pas préétablie. Les limites (à ne pas dépasser) de la pression humaine sur la planète restent souvent indéterminées. L’autoformation permanente de l’écologiste est alors nécessaire ; il faut bien connaître pour mieux agir. Le réseau de documentation des écologistes n’est qu’un moyen parmi d’autres. Mais si nous ne pouvons convaincre par la parole, inutile de vouloir vaincre par la violence. La recherche de l’efficacité immédiate nuit à la pérennité des solutions.
5) Notre pensée intériorise les intérêts des différents acteurs
Il y a les invisibles de la représentation, les acteurs absents. Bien sûr les habitants du tiers-monde, les pauvres, les chômeurs, les exclus... Mais pour une considération écologiste, il s’agit aussi des acteurs, qui peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui pourraient être finalement invités à la table des négociations : par exemple les générations futures ou des consommateurs tout simplement. Car, aujourd'hui, les consommateurs ont de plus en plus leur mot à dire. Ce qui est tout à fait dans la logique du progrès technologique qui se doit de servir la société dans son ensemble et l'intérêt général.
Ce n’est pas une procédure démocratique que de décider sans les acteurs absents de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions dans l’espace et/ou le temps. L’écologiste, élu ou non, doit savoir s’exprimer au nom des acteurs absents, élargir sa pensée dans l’espace et dans le temps.
6) Un lieu à privilégier, la communauté de résilience
Ce paradigme ou modèle de référence porte des noms différents : Communautés intentionnelles ou Ecovillages ou Agenda 21 local ou Towns transition ou Plan climat ou Cités jardins ou communautés de résilience … Il ne s’agit pas d’une nouvelle théorisation, mais d’une pratique applicable au Nord comme au Sud, par les gens de droite comme par les gens de gauche, par les urbains et les paysans, par les chefs d’entreprise ou par les travailleurs. Tout le monde est concerné puisqu’il s’agit de rendre notre avenir durable.
Le souci principal d’un écologiste devrait être de chercher la relocalisation des activités et la décentralisation du pouvoir (principe de subsidiarité). Concrètement un écologiste soutient ou met en œuvre une communauté de résilience, espace territorial qui cherche localement l’autonomie alimentaire et énergétique pour assurer la transition de la civilisation thermo-industrielle vers des sociétés qui fonctionneront sans énergies fossiles. Un système démocratique durable est d’autant mieux préservé si l’Etat central programme la mise en place d’une autonomie territoriale. Il n’y a de véritable démocratie que locale. L’écologiste cherche la subtile synthèse entre une pensée ancrée dans l’espace mondial et dans le long terme d’une part, et d’autre part une pratique qui s’exerce de préférence dans son milieu d’appartenance. Le terme qui résume le mieux cette disposition d’esprit est glocal, fusion des deux mots « global » et « local » : agir localement tout en pensant globalement.
7) Un écologiste s’inscrit dans des réseaux
Coopérative ou mouvement, réseaux ou association, l’important est moins dans l’appellation que dans la capacité à créer une forme d’appartenance commune à ce qu’on pourrait appeler un « peuple écolo ». Il nous faut repenser notre façon de vivre et d’être ensemble pour préparer le futur. D’où la nécessité de se retrouver en groupe pour chercher la meilleure voie possible. Avec l’aide de l’écologie scientifique, nous devons débattre collectivement de nos besoins et de nos techniques, de notre manière de manger comme de nos moyens de déplacement.
Un écologiste s’investit normalement dans une association à but environnemental. Savoir à quelle association adhérer relève d’une analyse personnelle des statuts de cette association. Par exemple Attac a « pour objet… de mener des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l’ensemble du monde. » Il n’y a nulle trace dans ces objectifs de préoccupation explicite à propos des rapports entre l’homme et la nature. Adhérer à Attac ne suffit pas pour un écologiste, sauf à œuvrer pour transformer les objectifs de l’association dans un but écologique.
8) Une conception écologique du social et de l’économique
La droite libérale donne priorité à l’économique, la gauche au social. Le concept de développement durable ne hiérarchise pas entre économique, social et environnemental. Or l’écologiste constate qu’aucune activité socioéconomique n’est possible si on n’accorde pas une attention première aux ressources naturelles (l’eau, l’énergie, etc.) qui permettent son existence (durable). Le facteur « terre » est devenu plus important que le travail et le capital car sans ressources naturelles, ni travail, ni capital ! D’où l’idée que sans considérations écologiques, on ne peut avoir des avancées sociales réelles, et sans société conviviale, il ne peut y avoir d’économie saine.
La disparition inéluctable de la plupart de nos esclaves énergétiques (les machines) indiquent que le temps de travail va augmenter, la division sociale du travail se simplifier et le détour de production se raccourcir. Il faudra d’abord compter sur sa force physique, les agriculteurs et les artisans redeviendront l’essentiel de l’emploi. Les techniques douces, à forte intensité d’énergie renouvelables, seront privilégiée. Le respect des cycles naturels formera un impératif.
9) Un engagement qui ne peut être que politique
Au sens noble du mot « politique », il s’agit de participer à l’organisation de la cité. Au sens large, tous nos gestes sont politiques car ils entraînent des répercussions sur le fonctionnement de la société humaine insérée dans la biosphère. Nous ne pouvons échapper au politique. L’écologie politique porte en soi l’urgence écologique, mais elle ne s’incarne pas forcément dans un parti particulier puisque l’écologie a pour vocation de rassembler l’ensemble de l’humanité autour d’un avenir durable.
A chacun de s’investir dans un parti ou mouvement de son choix en sachant que l’essentiel est notre propre comportement. Un projet politique doit remonter d’en bas, de notre engagement personnel, et non l’inverse, descendant des institutions. Et notre critère d’engagement, c’est d’abord la préoccupation écologique. L’écologie, c’est-à-dire la gestion du long terme et le sens des limites, doit l’emporter sur le souci de la victoire électorale. L’essentiel est de porter en toutes circonstances par la pensée et par ses actes les principes généraux de ce vade-mecum.

Source: Bi-mensuel 328 (16 au 30 avril 2014) Biosphère - Reçu dans la boîte auX lettres, on re-transmet pour ceuX et celles qui sont intéressés par le sujet.

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