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Un concours Eduki mène des élèves genevois à confesse
Par Jean-François Mabut. Mis à jour le 23.05.2014 La liberté d'expression sur Internet était le thème du 4e concours organisé par une fondation présidée par Martine Brunschwig Graf.
Au départ, il s'agit d'un banal concours sur la liberté d'expression des jeunes sur Internet. A l'arrivée il y a des vainqueurs, des élèves et des écoles de Genève. Entre deux, un travail sérieux, une prise de conscience des richesses, mais aussi des dérives de l'Internet. Dans une classe en particulier, le concours organisé par la fondation Eduki a déclenché une vraie prise de conscience des risques du sexting, cette mode consistant à se filmer en petite tenue qui, l'automne dernier, a fait l'objet d'une campagne de prévention de Pro Juventute.
Durant plusieurs mois, raconte en substance leur professeur qui requiert l'anonymat, «j'ai participé à un délicat processus d'expression d'un gros malaise. Plusieurs élèves s'échangeaient des images à caractère sexuel et violent. Nous avons fait intervenir Action innocence. La direction a p ris l'af faire avec doigté sans prononcer de sanction. Aujourd'hui mes élèves ont mûri. Je crois qu’ils ont compris.»
Mais les autres. «J'ai appris que des histoires comme celle que j'ai vécue ne sont pas rares à Genève, poursuit l'enseignant. Que dire à mes ados de 14-15 ans, aux ados en général pour les dissuader de s'exposer ainsi?» Le professeur a longtemps tourné cette question dans sa tête. Un jour, profitant du travail réalisé pour le concours Eduki, il leur a dit: Que diront vos enfants quand ils découvriront ces photos!... «J'ai vu leur visage changer, l'idée que leurs futurs gosses pourraient voir ces images leur a fait soudain horreur.»
Sondage au sein d'une école
Dans le cadre du concours, la classe a lancé un sondage au sein de l’école. Résultats, 94% d’entre eux possèdent un compte sur un réseau social, 35% ne connaissent pas tous les amis acceptés, 20% disent avoir eu des ennuis, 13% ont osé dévoiler le prob lème, 7 ,5% l’ont rapporté à un adulte.
La classe a reçu son prix Eduki ce jeudi après-midi dans la plus belle salle du Palais des Nations, la salle des droits de l'homme, là où des fonctionnaires et des ambassadeurs écoutent les dénonciations des droits de l'homme partout dans le monde et tentent non sans mal d'inciter les nations à respecter et à faire respecter la liberté d'expression et le respect des minorités.
En vingt ans, la liberté d'expression a été bouleversée
«Il est facile de dénoncer les violations des droits de l'homme quand les violeurs sont à l'autre bout du monde, c'est plus difficile quand ça se passe à nos portes», a déclaré Martine Brunschwig Graf. L'ancienne patronne du Département de l'instruction publique savait-elle que ses propos avaient une portée particulière pour une vingtaine d'élèves? Elle préside la fondation Eduki à l'origine du concours. Son but est de rapprocher les jeunes et la Genève int ernation ale. Michael Moller, patron de l'Office genevois des Nations unies a touché assez juste lui aussi: «Ceux qui envoient des insultes ou pire sur les réseaux sociaux oseraient-ils les proférer les yeux dans les yeux? Sans doute pas. Le monde d'internet est un monde réel, ne l'oubliez pas!»
«Il y a à peine vingt ans, la liberté d'expression ne dépassait guère le domaine privé, a encore dit Martine Brunschwig Graf. Tout juste pouvait-on espérer être publié de temps en temps dans le courrier des lecteurs des journaux et encore, à condition de rédiger sa missive correctement et de la signer. Aujourd'hui tout un chacun peut publier en un clic autant de messages et d'images qu'il veut sans divulguer son nom.» Coiffant sa casquette de présidente de la commission fédérale contre le racisme, elle a appelé les citoyens à mesurer davantage leur propos: «La loi fixe une limite minimale. On peut souhaiter un débat politique plus respectueux des gens.»
P.s: En remerciant l'eXpéditeur. Dans le cadre du devoir de transmission bien compris et du partage du savoir. Le grand enjeu de nos sociétés informatisées.
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