vrijdag 5 juli 2013

Une sociologue et la globalisation...

Dans son dernier livre, La Globalisation. Une sociologie, Saskia Sassen démystifie le discours sur la mondialisation économique en montrant comment celle-ci est ancrée dans des institutions et des lieux bien précis, et non dans une prétendue rationalité du marché. En bonne sociologue, elle révèle la nature des conditions sociales contemporaines tout en indiquant les options ouvertes à l’action individuelle et collective à venir.

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Sassen montre donc surtout l’importance de la contribution de la sociologie à la compréhension de l’évolution du monde qui nous entoure. Mais, en fin de compte, c’est la grande rigueur intellectuelle de son engagement disciplinaire qui limite sa compréhension de la montée et du déclin de la mondialisation. Pour comprendre comment l’idéologie néolibérale a pu si bien s’imposer, il nous faut aussi comprendre les processus et les méthodes qui ont permis aux multinationales de reprendre les thèmes du « global village » des années 1960 à des fins commerciales, et comment les jeunes dirigeants issus du baby-boom ont pensé qu’il était dans leur intérêt d’utiliser le même langage. Les structures sociales ne sont pas déterminantes en termes culturels car les idées circulent librement.

L’une des façons dont Sassen exclut les considérations culturelles est de nier l’importance du cosmopolitisme dans la détermination des évolutions contemporaines. On peut lui opposer les travaux récents d’Ulrich Beck qui offrent un bon exemple d’analyse de la mondialisation et qui voient les valeurs cosmopolites comme le moteur qui motive la création d’un ordre politique mondial. En fin de compte, s’il nous incombe d’évoquer les menaces qui pèsent sur l’espèce humaine à travers le discours de la globalisation, il est nécessaire de trouver un moyen d’exprimer un objectif commun et collectif et d’éviter la distorsion idéologique qui a irrémédiablement porté atteinte à l’idée de mondialisation.

L’idéologie de la mondialisation considérait jusqu’à présent les questions d’égalité, de justice et de liberté comme des questions subsidiaires et extérieures à l’activité centrale qui consiste à diriger le monde. Nous devons comprendre à quel point cette idéologie est parvenue à s’imposer, pas seulement grâce à ses bases sociales et matérielles, mais aussi à travers l’analyse du sens et des imaginaires qui écartent des possibles avenirs alternatifs. C’est la raison pour laquelle nous avons aussi besoin d’analyses de l’imagination littéraire du type de celle qui fut si efficacement adoptée par Martha Nussbaum dans ses cours sur la justice poétique. La mondialisation est à la fois une ensemble d’écrits, un exercice de relations publiques, une mode, voire un engouement, et une stratégie commerciale. Ce domaine de recherche a besoin de la remarquable sociologie de Sassen, mais également de beaucoup d’autres disciplines.

Traduit de l’anglais par Émilie Frenkiel.

Martin Albrow, « La mondialisation déconstruite par la sociologie », La Vie des idées, 4 juin 2009. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/La-mondialisation-deconstruite-par.html


Au chapitre de la déconstruction...

P.s: C'est l'auteur de ce blog multidisciplinaire, fait de transnationalité et de postmodernité, qui a souligné en caractères gras.

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