vrijdag 31 mei 2013

Sur Érasme, la Belgique, l'Université, les intellectuels, etc...

Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine. Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations.

éditorial

L'Université libre de Bruxelles, Université d'Europe
La dimension européenne est avant tout l'expression de nos valeurs, essentielles pour l'identité internationale du continent le plus sécularisé au monde. Notre ouverture européenne s'est concrétisée par l'internationalisation de notre population estudiantine (26% d'étudiants étrangers), ainsi que de notre corps enseignant et académique (20% d'internationaux). Nous sommes également au centre de nombreux réseaux européens de recherche en sciences exactes et humaines et avons mis sur pied le réseau UNICA des universités des villes-capitales. En outre, dès 1963, nous sommes parmi les tout premiers dans le monde à avoir créé un pôle spécialisé dans l'étude, l'enseignement et la recherche multidisciplinaires sur la construction européenne : l'Institut d'études européennes, devenu un pôle d'excellence, connaissant une dynamique nouvelle, internationalement reconnue.

Par ce dossier d'Esprit libre, nous voulons attirer l'attention sur le fait que nous sommes aussi " Université d'Europe ", l'ULB étant l'université de la capitale de l'Union européenne, caractéristique qui n'est pas un slogan mais une réalité qui compte à nos yeux. Cet atout est essentiel pour le rayonnement extérieur de toutes les facultés, au niveau tant européen que global ; il nous faut sans cesse lancer de nouvelles initiatives pour consolider cette primauté et mettre clairement en valeur les énormes potentialités de cette volonté, notamment en vue du 175e anniversaire de la fondation de notre Université en 2009.

Ce choix stratégique correspond à la fois à nos idéaux et à une évaluation réaliste. La construction européenne n'est pas seulement un idéal de paix, de tolérance et de démocratie : elle est une réalité consolidée et mûrie, dont l'avenir conditionne la vie de tous et nous permet d'agir dans un environnement externe à la fois turbulent et riche en opportunités. Comme tout système politique et institutionnel, l'Union européenne connaît des hauts et des bas, des oscillations des opinions publiques nationales qui, parfois, apparaissent inquiétantes. Mais le bilan positif de l'acquis de 60 ans d'intégration européenne, marqués par l'élargissement de 6 à 27 États membres, et l'approfondissement de toutes les politiques communes, s'impose, même aux observateurs les plus sceptiques.

Ce bilan est d'ailleurs confirmé par les événements les plus récents. Ceux-ci sont régulièrement débattus au sein de l'ULB, en prise directe avec les principaux protagonistes. Il suffit de songer par exemple aux progrès de la stratégie de modernisation socio-économique et de la recherche appelée " Stratégie de Lisbonne " (voir la déclaration du Commissaire J. Almunia, invité à l'IEE le 18/10), aux avancées remarquables de l'UE quant à ses relations extérieures et au renforcement de la paix dans le monde (le rôle de l'Union en tant que deuxième " acteur global " devient une " nouvelle driving force " de l'intégration, selon le ministre des Affaires étrangères italien M. D'Alema, reçu le 12/02 à l'ULB) ou encore à l'accord atteint par le Conseil européen de juin sur les réformes institutionnelles, qui fera l'objet de la CIG sous présidence portugaise de l'UE (Présidence déjà introduite à l'IEE en avril par sa coordinatrice, Maria J. Rodrigues lors du colloque du 50e anniversaire de la CE). Nous renvoyons également au débat que nous organisons avec M.J.C. Junker, Premier ministre luxembourgeois, le 12 décembre prochain.

Fidèle à son engagement traditionnel, l'ULB, Université d'Europe, est aussi un lieu privilégié du débat public sur l'avenir de la construction européenne.

Philippe Vincke
Recteur de l'ULB

ULB sur Internet : http://www.ulb.ac.be/
UAE sur Internet : http://www.ulb.ac.be/ulb/uae/

Rédacteur en chef Alain Dauchot (ULB) - Jean-Antoine De Muylder (UAE)
Rédacteur en chef adjoint Isabelle Pollet (ULB)
Comité de rédaction Nathalie Gobbe - Éric Gouder de Beauregard - Micheline Mardulyn - Cécile Sztalberg - Albert Van Wetter - Chantal Zoller
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C'était en 2007...

Érasme La fortune d'un grand humaniste

Esprit libre : En quoi l'étude de l'œuvre d'Érasme nous concerne-t-elle encore aujourd'hui ?
Fabrice Preyat : Le terme d'érasmisme recouvre une notion qui n'a jamais reçu de définition précise. Il désigne à la fois un mouvement suscité par Érasme et l'influence posthume de son oeuvre. Il met en relief un phénomène littéraire (celui des nombreuses imitations qu'a suscitées l'humaniste) et un système théorique censé rendre compte avec cohérence des idées philosophiques, politiques et théologiques de leur auteur. Sous l'étiquette d'érasmisme se sont ainsi confondus les mouvements les plus divers. Ces usages paradoxaux découlent des ambiguïtés internes de l'oeuvre d'Érasme qui affectionne les registres de l'ironie ou de l'euphémisme. Mais ils relèvent aussi des stratégies d'un auteur qui, tout en critiquant les déviances de l'Église, a toujours veillé à s'attirer la sympathie de ses autorités. Attentif à la construction de son image, Érasme n'a pas hésité parfois à s'autocensurer afin de brosser le parfait portrait d'un humaniste libéral et pacifiste, citoyen du monde. Cette image, entretenue aujourd'hui par les institutions européennes et les échanges universitaires, a fait les beaux jours du nationalisme néerlandais qui s'est peu interrogé sur l'orthodoxie de ces reconstructions historiographiques. Enclins à s'approprier ce fleuron du cosmopolitisme et de l'ouverture aux dissidences religieuses, les imaginaires nationaux ont largement brocardé la réalité d'un siècle tout en nuances.

Esprit libre : Ces ambiguïtés sont-elles liées au fait que la traduction relève aussi d'une interprétation ?
Martine Bracops : La traduction a joué un rôle central dans la réception des oeuvres d'Érasme. Le traducteur peut manipuler un texte, procéder à des choix personnels face à certaines contraintes linguistiques, mais la traduction peut aussi résulter de phénomènes plus larges, de l'aménagement d'une idée ou d'une doctrine opéré souvent au détriment des intentions premières de l'auteur. D'où l'intérêt de confronter au sein du colloque que nous organisons [voir encadré] les réflexions d'historiens, d'historiens de l'art, de sociologues et de philologues à l'expérience de traducteurs, sous la forme d'une table ronde.

Esprit libre : Comment est née l'idée d'un tel colloque ?
Fabrice Preyat : En travaillant sur des manuscrits du XVIIIe siècle, je me suis trouvé confronté à la condamnation d'un traducteur d'Érasme. Cette censure qui touchait un écrivain, souvent campé comme le précurseur des Lumières, posait évidemment question. Elle m'a incité à rouvrir les quelques dossiers consacrés à la réception des écrits humanistes et à y inclure les problèmes de traduction. Je me suis naturellement tourné vers l'ISTI avec lequel l'ULB collabore régulièrement.
Martine Bracops : La traduction permet en effet d'élargir considérablement l'accès à l'oeuvre. La traductologie, c'est-à-dire la réflexion sur la traduction, prend aujourd'hui de plus en plus d'ampleur. C'est notamment sur ce point que nos deux institutions se rejoignent.

Esprit libre : Quel est le partenaire du colloque ?
Martine Bracops : L'objet du colloque impliquait que l'on propose à la Maison d'Érasme, située à Anderlecht, de s'y associer. La dernière journée s'y déroulera donc. Après la table ronde et les conclusions, une visite du musée est prévue sous la houlette du conservateur, Alexandre Vanautgaerden.

Esprit libre : Envisagez-vous de joindre aux actes du colloque une traduction inédite d'Érasme ?
Martine Bracops : Nous publierons en effet un extrait des Adages (les Travaux d'Hercule). Ce texte nous a paru tout à fait approprié puisqu'il fait allusion aux préoccupations du traducteur. Nous avons donc pris contact avec le Collège européen des traducteurs (Seneffe). Le latiniste Joël Gayraud s'est consacré à la traduction du texte cet été. Il sera édité aux Éditions du Hazard (ISTI).
Fabrice Preyat : Nous y ajouterons le texte inédit qui a donné impulsion à ces collaborations, enrichi d'une apologie d'Érasme, dûment remise en perspective.

Amélie Dogot

Toujours lue et traduite, l'oeuvre d'Érasme suit son cours à travers les siècles. L'Université libre de Bruxelles et l'Institut supérieur des traducteurs et interprètes (ISTI) ont décidé de mettre à l'honneur l'un des fondateurs de la pensée humaniste. Le point avec Fabrice Preyat (Langues et littératures romanes - ULB) et Martine Bracops (Langue française - ISTI-HEB).

La raison pour guide

Desiderius Erasmus est né en 1469 à Rotterdam. Grand voyageur, il étudia dans plusieurs universités européennes et séjourna en Belgique, à Anderlecht, en 1521. Soucieux de préserver sa liberté de pensée et d'expression littéraire, c'est sur le terrain de la théologie, de l'érudition et du politique qu'il marqua son époque. Plaçant l'homme au coeur de sa pensée, Érasme consacra toute sa vie à traduire et commenter les écrivains et philosophes de l'Antiquité ainsi que les textes bibliques. En contact avec les souverains, les ecclésiastiques et les érudits européens les plus éminents, il fut aussi un pédagogue réformateur, contribuant à rénover les systèmes d'enseignement par la publication de grammaires et de traités scolaires.

Colloque international les 20, 21 et 22 septembre

" Fortunes d'Érasme. Réception et traduction de la Renaissance à nos jours ", ISTI - Rue Joseph Hazard 34 à 1180 Bruxelles

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