woensdag 27 februari 2013

Et je rappelle où va cet autre âne...

Je restranscris pas forcémenmt dans l'ordre: MAIS L'ÂNE n'a pas fini de délivrer son message. L'oeuvre associe une mise en scène (artefactà à une représentation (la photographie) qui se veut authentique. C'est une des caractéristiques du post-modernisme : il se présente comme un assemblage de pensées et d'activités émiettées, spontanées, morcelées pour camoufler derrière une apparence affablement modeste le caractère doctrinaire d'une démarche qui attaque « les idéologies » comme totalitaires. L'art renonce au projet « d'une représentation générale. La relativité de l'expression est à son comble », comme le résume le théoricien Paul Ardenne (1). Depuis le début des années 1980, on trouve dans les galeries des morceaux de corps (Anselm Stalder) (2), des objets disséminés (Mike Kelley) (3), des souvenirs éparpillés (Annette Messager) (4), des collections factices, des agglutinations de références (Anselm Kiefer) (5), des bouts de texte, des résidus : le fragmentisme s'affirme contre la recherche d'une unité, d'un tout, d'un ensemble cohérent, qui ne serait qu'un outil de domination opprimant le puzzle des tendances individuelles.

Voici un texte issu du Monde Diplomatique de Novembre 2012, et qui pour une fois aborde un sujet un peu différent des thèmes qui y sont abordés en général : l'art contemporain. Il s'agit d'une analyse critique particulièrement bien ficelée de l'idéologie qui sous-tend cette forme d'art, ainsi que ses liens avec la doctrine libérale hégémonique. Cette idéologie, le post-modernisme, promeut selon ce collectif une vision du monde fragmentée, instable, fugace, et l'on peut voir ainsi dans cette forme d'art un des rouages culturels du système capitaliste libéral, dont on sait depuis Mauss qu'il est un fait social total. De quoi nous rappeler les brillantes analyses de Castoriadis sur le postmodernisme, que l'on peut trouver en partie ici :

L'époque du conformisme généralisé*

I.

Dans ses remarques introductives à ce symposium, Claudio Veliz notait que "l'esprit de notre temps... est trop rapide et trop léthargique ; il change trop ou pas assez ; il produit de la confusion et de l'équivoque". Ces traits ne sont pas accidentels. Pas plus que ne le sont le lancement et le succès des labels "postindustriel" et "postmoderne". Les deux fournissent une parfaite caractérisation de l'incapacité pathétique de l'époque de se penser comme quelque chose de positif, ou même comme quelque chose tout court. Ainsi, est-elle amenée à se définir comme, tout simplement, "post-quelque-chose", par référence à ce qui a été mais n'est plus, et à s'autoglorifier par l'affirmation bizarre que son sens est le pas de sens, et son style le manque de tout style. "Enfin, proclamait un architecte bien connu lors d'une conférence à New York en avril 1986, le postmodernisme nous a délivrés de la tyrannie du style."
(...)

IV.

A partir des différentes tentatives pour définir et pour défendre le "postmodernisme", et d'une certaine familiarité avec le Zeitgeist, on peut faire dériver une description sommaire des articles de foi théoriques ou philosophiques de la tendance contemporaine. J'emprunte les éléments d'une telle description aux excellentes formulations de Johann Arnason (1).

1. Le rejet de la vue globale de l'Histoire comme progrès ou libération. En lui-même, ce rejet est correct. Il n'est pas nouveau ; et, entre les mains des "postmodernistes", il ne sert qu'à éliminer la question : en résulte-t-il que toutes les périodes et tous les régimes social-historiques sont équivalents ? Cette élimination à son tour conduit à l'agnosticisme politique, ou bien aux amusantes acrobaties auxquelles se livrent les "postmodernistes" ou leurs frères lorsqu'ils se sentent obligés de défendre la liberté, la démocratie, les droits de l'homme, etc.

2. Rejet de l'idée d'une raison uniforme et universelle. Ici encore, en lui-même, le rejet est correct ; il est loin d'être nouveau ; et il ne sert qu'à occulter la question ouverte par la création gréco-occidentale du logos et de la raison : que devons-nous penser ? Toutes les manières de penser sont-elles équivalentes ou indifférentes ?

3. Rejet de la différenciation stricte des sphères culturelles (par exemple, philosophie et art) qui se fonderait sur un principe sous-jacent unique de rationalité ou de fonctionalité. La position est confuse, et mélange désespérément plusieurs questions importantes pour n'en nommer qu'une : la différenciation des sphères culturelles (ou son absence) est, chaque fois, une création social-historique, partie essentielle de l'institution d'ensemble de la vie par la société considérée. Elle ne peut être ni approuvée ni rejetée dans l'abstrait. Et, pas d'avantage, le processus de différenciation des sphères culturelles dans le segment gréco-occidental de l'histoire, par exemple, n'a exprimé les conséquences d'un principe sous-jacent unique de rationalité quel que soit le sens de cette expression. Rigoureusement parlant, ce n'est là que la construction (illusoire et arbitraire) de Hegel. L'unité des sphères culturelles différenciées, à Athènes aussi bien qu'en Europe occidentale, ne se trouve pas dans un principe sous-jacent de rationalité ou de fonctionalité, mais dans le fait que toutes les sphères incarnent, chacune à sa façon et dans le mode même de leur différenciation, le même noyau de significations imaginaires de la société considérée.

Nous sommes devant une collection de demi-vérités perverties en stratagèmes d'évasion. La valeur du "postmodernisme" comme théorie est qu'il reflète servilement et donc fidèlement les tendances dominantes. Sa misère est qu'il n'en fournit qu'une simple rationalisation derrière un apologétique, qui se veut sophistiquée et n'est que l'expression du conformisme et de la banalité. Se concoctant agréablement avec les bavardages à la mode sur le "pluralisme" et le "respect de la différence", il aboutit à la glorification de l'éclectisme, au recouvrement de la stérilité, à la généralisation du principe "n'importe quoi va", que Feyerabend a si opportunément proclamé dans un autre domaine. Aucun doute que la conformité, la stérilité et la banalité, le n'importe quoi, sont les traits caractéristiques de la période. Le "postmodernisme", l'idéologie qui la décore avec un "complément solennel de justification", présente le cas le plus récent d'intellectuels qui abandonnent leur fonction critique et adhèrent avec enthousiasme à ce qui est là, simplement parce que c'est là. Le "postmodernisme", comme tendance historique effective et comme théorie, est assurément la négation du modernisme.

Car en effet, en fonction de l'antinomie déjà discutée entre les deux significations imaginaires nucléaires de l'autonomie et de la "maîtrise rationnelle", et malgré leur contamination réciproque, la critique des réalités instituées n'avait jamais cessé pendant la période "moderne". Et c'est exactement cela qui est en train de disparaître rapidement, avec la bénédiction "philosophique" des "postmodernistes". L'évanescence du conflit social et politique dans la sphère "réelle" trouve sa contrpartie appropriée dans les champs intellectuel et artistique avec l'évanescence de l'esprit critique authentique. Comme déjà dit, cet esprit ne peut exister que dans et par l'instauration d'une distance avec ce qui est, laquelle implique la conquête d'un point de vue au-delà du donnée, donc un travail de création. La période présente, ainsi, bien définissable comme le retrait général dans le conformisme. Conformisme qui se trouve typiquement matérialisé lorsque des centaines de millions de téléspectateurs sur toute la surface du globe absorbent quotidiennement les mêmes inanités, mai saussi lorsque des "théoriciens" vont répétant que l'on ne peut pas "briser la clôture de la métaphysique gréco-occidentale".

(1) Johann Arnason, "The Imaginary Constitution of Modernity", Revue européenne des sciences sociales, Genève, 1989, n° XX, p.323-337

* Extrait du livre "Le monde morcelé, les carrefours du labyrinthe - 3", éditions Seuil.

Source: http://laicard-belge.blogspot.nl/2012/12/ou-va-cet-ane-dikonotekst-groupe.html


Mais suis-je vraiment d'accord sur tout? Le postmodernisme est aussi une recherche de l'ESSENTIEL, ESSENTIEL caché, on déconstruit, se pose des questions, remise en question, dans une tentative de démêlage. Eviter le trop de superflu. S'intéresser à la sémantique. Car, il serait erroné de penser qu'il n'y aurait plus de centre, d'unité, de cohérence, d'un tout qui est tout, d'un fil qui se transmet, de penser que les mots n'auraient pas ou plus de sens, que l'universel n'existerait pas... Le postmodernisme, tel que cet âne le conçoit, simplifie à sa façon, s'intéresse aux contradictions comme aux paradoxes, pour reparler de RESPECT, de BON SENS et des valeurs qui nous rendent plus humains et attentifs. Des valeurs ESSENTIELLES. L'âne postmoderne demande à ceux qui le lisent de participer à sa recherche. N'est-ce d'ailleurs pas un des buts de cet artiste? Vous inviter à la recherche de la vérité et de la justice. Ce que font les véritables intellectuels aussi. Où se trouve notre esprit critique? Notre réfléxion? La pensée authentique? L'intégrité? La simplicité? Et le mot RESPECT?... L'outil aidant, c'est ainsi que cet âne postmoderne tisse sa toile sur...la Toile. Il n'est pas de gauche, plutôt du centre, vers la droite. La DCE?

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