maandag 15 april 2013

Au pays des blogs...

Romain Gary et de Gaulle, une relecture


Romain Gary a eu plusieurs vies et plusieurs identités, mais sa fidélité à une certaine idée de la grandeur de la France incarnée par le général de Gaulle reste l’une de ses constantes.
Entre 1958 et 1969, il publie plusieurs articles dans la presse américaine, réflexions et témoignage personnel qu’il portait sur » l’homme de sa vie » à des moments clés de l’histoire.
Ces textes sont regroupés dans le livre Ode à l’homme qui fut la France.


Mon propos ici n’est pas de résumer ces textes, mais plutôt de noter certaines phrases ou passages qui me paraissent étonnamment d’actualité, quarante à cinquante ans plus tard…

.

« L’homme qui connut la solitude pour sauver la France»

publié en décembre 1958 – article d’origine : « The man who stayed lonely to save France» , Life Magazine,
8 décembre 1958, vol. 45, n° 23, p. 144-158 – traduit par Paul Audi.

.

Constitution européenne

.

Extrait 1 (p. 18) :

« Le meilleur portait de Charles de Gaulle dont nous disposons est la nouvelle Constitution française – sa Constitution. Tout est là en effet : la conviction de l’infaillibilité du peuple français, la vieille idée républicaine que la démocratie est un système de gouvernement conçu pour permettre aux meilleurs de gagner, la confiance fortement idéaliste en l’humanité, à laquelle s’ajoute la bonne volonté de jouer la carte de la grandeur de l’homme plutôt que de rechercher d’incessantes garanties contre sa perversité. Mais avant tout, la Constitution reflète la croyance optimiste de De Gaulle dans le fait que les peuples de toutes races et de toutes religions peuvent vivre et travailler ensemble dans la paix et l’harmonie.

• Si seulement la Constitution européenne pouvait être le portait philosophique de l’Europe… mais hélas la Constitution européenne (le projet) est le portait d’une Europe bureaucrate, normalisée… un texte sans âme, froid. Aucune vision spirituelle de l’Union, pas de trace du triple héritage religieux, humaniste et rationaliste : l’Europe s’est pourtant construite en réformant la religion, en croyant en l’homme et ses valeurs philosophiques universelles, en étudiant méthodologiquement le monde, pour créer un système politique novateur et révolutionnaire : la démocratie.

.

Le plaisir du débat d’idées, la tradition du café du commerce,
l’intellectuel au gouvernement

.

Extrait 2 (p. 26) :
« En tant que nation, la France ne se sent jamais tout à fait elle-même quand ses dirigeants politiques ne sont pas au même titre ses chefs spirituels. Cette nation – qui se présente surtout comme le berceau du rationalisme – est en fait toujours à la recherche de quelqu’un qui parlerait à son âme. Il n’existe pas d’autre raison au rôle remarquable qu’ont joué dans l’histoire, dans la politique et dans la vie de la nation, les poètes, les philosophes et les écrivains. Victor Hugo, Chateaubriand, Lamartine, Malraux ont tous tenu des positions clés au gouvernement, alors qu’il est fort douteux que les États-Unis et la Grande-Bretagne eussent jamais confié la charge de conduire les affaires de la nation à un William Faulkner, un Eugène O’Neill, un Lord Byron ou un William Shakespeare.»

• Les Français aiment échanger des idées, depuis toujours. La création des cafés publics vers 1680 (le Procope), où l’on vient boire et lire les journaux, mais surtout discuter, échanger, polémiquer, participer à l’actualité, la politique et la vie artistique de son époque en est une illustration. Il y a souvent un fond de bon sens dans les brèves de comptoir.
À ce titre l’artiste, l’écrivain, le poète sont des figures aimées de la vie du pays, parce qu’agitateurs d’idées, créateurs, libres. Et comme ministres, symboles actifs de cette vitalité. Est-ce toujours vrai aujourd’hui?
Quant à la remarque sur les autres pays, il est intéressant de constater qu’en Europe, outre la France, on trouve l’exemple de Václav Havel. Y en a-t-il d’autres?

.

Le moi confortable, ennemi du progrès

.

Extrait 3 (p. 40) :
« Toute la conception gaullienne du progrès relève, en substance, d’un engagement spirituel. Au cours d’une récente conversation avec un scientifique français qui lui décrivait les merveilles de la conquête spatiale à venir, de Gaulle fit cette remarque : « Il se peut bien que nous allions sur la Lune, et cela n’est pas très éloigné de nous. La plus grande distance qu’il reste à couvrir gît cependant au fond de nous même.»

• C’est-à-dire comment voir autrement qu’avec les yeux de l’habitude. Comment lutter contre notre conformisme pour changer, évoluer ? En situation de paix (c’est-à-dire sans menace extérieure proche, sans catastrophe sanitaire ou naturelle), comment se remettre en question? comment changer la société et son organisation contre nous-même, et en cherchant en nous-même?

.

Liberté, démocratie, Europe et Occident


.

Extrait 4 (p. 42-43) :
« Quelle que soit la part du succès remporté dans la résolution de problèmes spécifiques, la place ultime de De Gaulle dans l’Histoire dépendra probablement de quelque chose d’autre, de quelque chose de bien plus important. Elle dépendra en fin de compte de la solution qu’il apportera, ou manquera d’apporter, au conflit dramatique qui oppose en France la liberté et l’autorité, le progrès et la stabilité. Aucune République française, en effet, n’a jamais été capable d’observer le bon équilibre entre les deux. Le gouvernement a toujours fait montre d’une tendance soit à mourir d’une extension cancéreuse de liberté, soit à succomber à la rigor mortis d’un excès d’autorité. Bien sûr, la France n’est pas la seule à faire face à ce dilemme. C’est à vrai dire la survie en Occident de notre système démocratique tout entier qui dépend de la solution de ce conflit – sans doute le plus grand défi auquel l’homme moderne se trouve aujourd’hui confronté. Et ce n’est pas là un conflit entre l’Est et l’Ouest, étant donné que, tôt ou tard, la Russie soviétique, ses alliés et ses sattellites seront amenés eux aussi à résoudre leurs problèmes de liberté.»

Extrait 5 (p. 44) :
« L’approche spirituelle et idéaliste de la nature de l’homme a toujours été, en effet, la première de nos nourritures essentielles, notre unique inspiration et notre seul principe d’espérance. C’est encore la seule force qui puisse aujourd’hui nous empêcher de sombrer dans le totalitarisme et le matérialisme.»

• L’équilibre français entre les réformes et l’immobilisme, les corporatismes, la laborieuse évolution de l’Europe (Ouest et Est), les faiblesses de la démocratie, l’évolution de la Russie, les crises géorgiennes et ukrainiennes, le cas de la Turquie, un monde multipolaire en mutation permanente, la montée des intégrismes … nous y sommes exactement.

Category: savoirs

Tagged: Constitution, constitution européenne, de Gaulle, démocratie, Europe, France, humanisme, nation, Romain Gary, Russie, Václav Havel

http://www.lescarnetsdeclarisse.fr/2008/09/savoirs/romain-gary-et-de-gaulle-une-relecture/

Tout cela donne beaucoup de travail fait dans la gratuité;)... L'âne a trouvé cela chez Jacques Attali, il reposte ici. Merci Jacques Attali, à quand la rencontre des blogueurs au Procope? Invité, l'âne viendra à coup sûr; il travaille pour une rencontre conviviale des esprits transnationaux. Pour aller dans le BON SENS bien sûr...

Geen opmerkingen:

Een reactie posten