donderdag 11 april 2013

Qui (a) fait quoi en Europe?...

http://www.atlantico.fr/decryptage/grand-paradoxe-exces-europe-neo-liberale-sont-nes-generation-leaders-venus-social-democratie-mathieu-vieira-fabien-escalona-jean-578001.html?page=0,2

Le grand paradoxe : les excès de l'Europe néo-libérale sont-ils nés d'une génération de leaders venus de la social-démocratie ?

L'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, a déclaré dimanche : "Aujourd'hui, c'est simple : les Européens ont le choix entre la survie ou le déclin". Une manière de dramatiser l'enjeu alors que la zone euro traverse une grave crise. Mais n'a-t-il pas une part de responsabilité dans cette situation ?

L'Europe, l'Europe, l'Europe!

Atlantico : "Aujourd'hui, c'est simple : les Européens ont le choix entre la survie ou le déclin" a déclaré Jacques Delors lors de l'émission BFMTV/Le Point/RMC diffusée ce dimanche. L'ancien président de la Commission européenne a aussi estimé qu'un changement de traité européen était nécessaire. Une manière de dramatiser l'enjeu alors que la zone euro traverse actuellement une grave crise. Mais paradoxalement, les excès de l'Europe-néolibérale ne sont-ils pas nés d'une génération de leaders venus, comme Jacques Delors, de la social-démocratie ?

Mathieu Vieira et Fabien Escalona : Il faut distinguer deux phases de la construction européenne. La première concerne la signature du traité de Rome en 1957 et les deux décennies qui s’ensuivirent. Certains considèrent que la logique néolibérale était en fait présente dès cette époque, viciant ainsi les fondements même du processus d’intégration communautaire. Que l’on adhère au pas à cette thèse, il faut souligner que la part des sociaux-démocrates dans ce processus a été mineure. La majorité des élites et des partis de gauche de l’époque restait méfiante vis-à-vis d’un projet qui leur semblait menacer l’intégrité des Etats sociaux édifiés et/ou consolidés après la guerre. Même si quelques individualités comme le belge Paul-Henri Spaak se sont illustrées par leur euro-enthousiasme, le projet communautaire est surtout le résultat d’une alliance entre les démocrates-chrétiens et les libéraux.

La deuxième phase est celle qui court des années 1980 à aujourd’hui. Dans le jargon des politistes, c’est celle où l’intégration négative prend clairement le pas sur l’intégration positive. L’intégration négative, ce sont tous les dispositifs institutionnels et juridiques qui vont renforcer et pérenniser la mise en concurrence des systèmes socio-productifs européens. L’intégration positive, ce sont les harmonisations encadrant cette compétition et s’imposant aux acteurs privés : elles sont beaucoup plus délicates à obtenir, surtout dans les domaines-clés pour une politique sociale-démocrate (fiscalité, emploi…). Le rôle des sociaux-démocrates va se révéler beaucoup plus important dans cette seconde phase que dans la première, que l’on pense à celui joué par Mitterrand et Delors, ou bien par les exécutifs européens majoritairement "roses" au tout début des années 2000, quand a été adoptée la stratégie de Lisbonne.

Cela dit, il serait ridicule de les rendre seuls responsables de ce que vous nommez les "excès de l’Europe néolibérale". Cette remarque vaut surtout pour toute la période qui s’étend de la décennie 1980 à la mi-temps des années 1990 : le rapport de forces était clairement en faveur des conservateurs, soutenus dans leur offensive anti-keynésienne par la Commission européenne et la Cour de justice des communautés européennes.

Gérard Bossuat : Il serait bizarre de faire un procès en néo-libéralisme à la social-démocratie. Trois moments sont à considérer. Les années 50 et les années Delors (1985-1995), puis la situation d’aujourd’hui. L’histoire et le temps présent. L’Europe unie, première manière, est née le 9 mai 1950 sous les auspices des Chrétiens-démocrates: Robert Schuman, membre du MRP, Konrad Adenauer, CDU, Alcide de Gasperi, Démocrate-chrétien. Seul Monnet n’est pas encarté ni dans la démocratie chrétienne ni dans le parti socialiste. Les traités de Rome de 1957 sont négociés par des démocrates-chrétiens et par plusieurs socialistes, Paul-Henri-Spaak et Guy Mollet entre autres. Dans les années cinquante la question était de faire sortir l’Europe des économies administrées d’après-guerre, de créer une union douanière et de définir des politiques communes, projet qui réunit des leaders démocrates-chrétiens, socialistes et libéraux modérés de droite.

Le néo-libéralisme en Europe est mis à l’ordre du jour avec l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher qui tente de faire des adeptes sur le continent. Il se trouve que Jacques Delors, socialiste, est choisi comme président de la Commission européenne avec l’appui de Margaret Thatcher, qui le regrettera bien vite. Certes il y a plus à gauche que lui, mais il est socialiste et il a fait prendre par Mitterrand le tournant de la rigueur budgétaire et de l’ouverture libérale, ce qui n’a rien à voir avec le néo-libéralisme de Margaret Thatcher. Son apport fondamental est d’avoir fait accepter en 1985 par les Etats membres de la Communauté européenne un programme destiné à achever le marché commun autrement dit à supprimer les obstacles aux échanges intérieurs. Le « Livre blanc sur l’achèvement du marché intérieur » approuvé aussi par le commissaire européen chargé du marché intérieur, Lord Cockfield, un conservateur proche de Margaret Thatcher, entendait éliminer les contrôles aux frontières intérieures qui avaient survécu à l’union douanière. Les secteurs visés par le livre blanc concernaient la libre circulation des services (banques, assurances transferts de capitaux, informatique, audiovisuel), l’abolition des restrictions quantitatives sur les transports de marchandises, la libération des services du transport des passagers. Il était prévu de réaliser enfin le libre établissement des professions libérales. La question de l’harmonisation fiscale (taux de TVA) était posée mais pas résolue. Environ 300 directives et règlements du Conseil furent élaborés pour une mise en place avant fin décembre 1992. Le Livre blanc et ses 300 propositions ont été pris au sérieux par les opinions publiques européennes. Jacques Delors déclara en juin 1987 : « J’ai choisi cette finalité d’un grand marché sans frontières et proposé au Parlement européen, en janvier 1985, puis aux chefs d’État et de gouvernement, de supprimer d’ici à 1992 tous les obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux dans la Communauté, de réaliser ainsi un espace économique sans frontières, un véritable marché domestique de 320 millions de consommateurs qui serait le plus puissant du monde ».

Delors réussit son projet de marché intérieur ce qui était conforme aux intentions des traités de Rome et à la volonté populaire européenne. Quel serait le rapport avec l’Europe néo-libérale d’Angela Merkel (CDU), de Mario Monti (indépendant), d’Antónis Samarás (ND), de Mariano Rajoy (Alliance populaire) ? Le projet de Delors avait une finalité de relance économique saine et de promotion d’une Europe sociale que l’on ne trouve pas dans les programmes d’austérité actuelle. Il lança aussi le projet d’Union économique et monétaire qui permit la création de l’euro. L’expression de la pensée de Jacques Delors, une sorte de testament politique sur l’état de l’Union et de l’idée d’intégration, est contenue dans un document proposé au Conseil européen de Bruxelles, le 29 octobre 1993. Intitulé Croissance, compétitivité et emploi : les défis à relever pour entrer dans le xxie siècle. Delors proposait la mise en œuvre d’un programme de quatorze grands travaux prioritaires, parmi lesquels le développement d’un réseau de trains à grande vitesse ou encore les autoroutes de l’information. Il ne fut pas financé par les Etats. Pragmatique plus que théoricien, Delors demandait une modération salariale et la flexibilité de l’emploi, la révision du financement de la solidarité, la création de nouveaux emplois dans l’environnement et les services aux personnes ou encore le renforcement de la formation professionnelle et la réalisation des grands réseaux européens de transports, d’énergie et de télécommunications. Ce n’était pas la politique néo-libérale de Margaret Thatcher.

Les leaders venus de la social-démocratie auraient-ils été portés aux excès du néolibéralisme ? Cette question, simpliste, établit une confusion entre néolibéralisme et flexi-sécurité ou recherche de la confiance des acteurs économiques et des citoyens proposée par les sociaux démocrates suédois et britannique, Håkan Juholt et Ed Miliband[1]

Dans une interview précédente accordée au Parisien magazine le 12 décembre 2012, Jacques Delors attribuait les difficultés actuelles de l’UE à la mondialisation et à la crise financière. Mais, pendant son long mandat de président de la Commission européenne, a notamment eu lieu la signature des accords de Schengen (juin 1985) et surtout l’adoption de l’Acte unique européen (1986) qui consacre la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux. La chute du mur de Berlin, un contexte politique de reaganisme et de thatchérisme ont aussi fortement contribué à rallier l'Europe sous une seule et même identité : celle du respect de la libre concurrence. Jacques Delors (et la social-démocratie) n’est-il pas lui-même en partie responsable de cette "Europe de la dérégulation" qu’il dénonce à demi-mots ?

Mathieu Vieira et Fabien Escalona : Encore une fois il serait simpliste d'imputer à Jacques Delors la responsabilité de l’ "Europe de la dérégulation". Sa trajectoire personnelle doit être réinsérée dans la conversion générale de la famille sociale-démocrate à la construction européenne, qui doit être expliquée. Cette évolution stratégique majeure est à rapprocher de l’expérience du gouvernement socialiste français en 1982-83. Le tournant de la rigueur qui est alors engagé consacre l’échec du keynésianisme dans le cadre de l’Etat-nation. Dès lors, les sociaux-démocrates vont formuler un projet "euro-keynésien" : il s’agit de la projection à l’échelon européen d’un paradigme économique devenu inopérant à l’échelon national, en partant du postulat que le nouvel échelon sera plus pertinent pour faire face à la globalisation. L’approfondissement de l’intégration européenne apparaît ainsi comme le palliatif à la défaite de la social-démocratie face au capitalisme entré dans sa phase néo-libérale.

Le problème, c’est qu’au lieu d’avoir une Europe pour dompter le marché, les citoyens se sont retrouvés d’abord face à une Europe pour servir le marché, avec l’Acte unique et le Traité de Maastricht. Ensuite, l’objectif de bâtir une Europe politique et sociale a sans cesse été renvoyé au lendemain. Pour interpréter ce qui s’est passé, Jean-Pierre Chevènement a parlé du "pari pascalien" de François Mitterrand. Dans nos travaux, nous préférons parler de "pacte faustien" : en cherchant à retrouver des marges de manœuvre par la construction européenne, les sociaux-démocrates ont légitimé un cadre institutionnel qui n’était pas favorable à leurs politiques traditionnelles. Qu’il ait été possible ou non de faire autrement, ils en paient aujourd’hui les conséquences.

Henri de Bresson : Jacques Delors constate dans son interview que la mondialisation "perturbe les Européens, qui ont le sentiment que les décisions leur échappent". Difficile de dire le contraire tant il est flagrant que le nouveau rapport de force économique, politique, démographique mondial a bouleversé nos sociétés et les oblige à trouver de nouvelles ressources pour affronter cette compétition qui a des conséquences évidentes sur leur modèle social. Le grand marché, l’abolition des frontières, et pour finir l’euro avaient précisément pour objectif d’anticiper sur ces développements qui sont allés beaucoup plus vite que d’aucuns l’avaient imaginé. "Quand la Chine s’éveillera" d’Alain Peyrefitte, remonte à 1973 seulement.

L’histoire dépasse les anticipations des Delors, Kohl, Mitterrand, Genscher, de ceux qui portent à l’époque la relance de l’Europe dans une alliance entre sociaux démocrates et chrétiens démocrates. L’Union soviétique, le communisme s’effondrent trois ans seulement après la signature de l’acte unique dont la mise en œuvre n’en était qu’à ses balbutiements, entrainant la Chine à son tour à s’ouvrir, ouvrant la porte grande ouverte au succès des théories néo-libérales de la droite reaganienne et thatchérienne. Personne n’avait prévu une telle rapidité de changements. Il a fallu bâtir ce marché unique dans une histoire en marche forcée qui bousculait les Etats européens, pris entre leur attachement à leur souveraineté et le sentiment confus que seuls il n’y arriverait pas. Cette schizophrénie a empêché l’Union européenne de se développer de manière cohérente, comme on le voit aujourd’hui avec la crise d’une union monétaire dont la construction a été incomplète. Ce n’était pourtant pas faute d’avertissements. Jacques Delors a raison de rappeler que ses appels à compléter le marché unique par une politique de grands travaux d’intérêt collectif n’ont pas été suivis.

Jean-Luc Gréau : Il aura fallu près de cinq années pour qu’on commence à admettre que la crise actuelle est, dans son principe, une crise de la mondialisation. Cette crise a eu une dimension financière mais aussi industrielle. Quelque dix millions d’emplois ont été détruits dans les secteurs manufacturiers en Occident. Cependant, Jacques Delors, fidèle à un procédé de diversion qu’il n’a jamais cessé d’appliquer, laisse entendre que le séisme a pour origine principale le manque de régulation du secteur financier. Or, l’excès des dettes contractées par les ménages aux Etats-Unis et dans d’autres pays, qui a fini par faire imploser de nombreuses banques en 2008, avait constitué une solution palliative à ce qui est au tréfonds de la crise, la déflation des salaires dans la majeure partie de l’Occident, déflation des salaires qui résulte à la fois de la pression des actionnaires de marché sur les entreprises et de la mise en concurrence des territoires sous l’angle du coût du travail. C’est ce facteur discret qui a conduit au séisme. La dérégulation financière a facilité l’accumulation des dettes sans en être la cause première.

Simultanément, Jacques Delors ne nous dit rien de la falsification des comptes de la Grèce ou de l’orgie de crédit dans des pays comme l’Espagne ou l’Irlande, pourtant placés sous la supervision directe de la Commission européenne et de la BCE. Ces errements aux conséquences dramatiques pour les Etats et les peuples concernés incriminent l’impéritie ou l’incompétence des dirigeants de Bruxelles et de Francfort.

Mais la critique la plus forte se situe dans votre question. Oui, Jacques Delors a été un des apôtres et des artisans de la déréglementation. La Commission européenne applique aujourd’hui avec ténacité la méthode "delorienne" par excellence qui consiste à transférer méthodiquement vers l’échelon bruxellois les pouvoirs économiques et financiers des Etats afin de les priver de leur autonomie d’action. Mais afin justement d’empêcher toute remise en cause importante des principes de liberté de circulation qui sont désormais sacralisés.

Faut-il faire un droit d’inventaire du "delorisme" et plus largement de la social-démocratie européenne ?

Henri de Bresson : Le delorisme est inséparable de Mitterrand et Kohl, un socialiste et un chrétien-démocrate. C’est surtout le symbole d’une période de la construction européenne où la Commission a joué véritablement son rôle de chef de chantier, avec l’appui de Paris et Bonn, ce que n’ont plus pu assumer les successeurs de Jacques Delors, les Britanniques veillant au grain.

Mathieu Vieira et Fabien Escalona : Quiconque voudrait faire le procès de Delors ou celui de la social-démocratie est aujourd’hui assez libre le faire. Mais revenir sur ce passé n’est pas très productif s’il s’agit juste d’accabler les acteurs de l’époque. Ça l’est beaucoup plus s’il s’agit de pointer les impensés contemporains de la nouvelle social-démocratie, qui ont évidemment à voir avec sa trajectoire historique, comme la dépendance du projet social-démocrate envers la croissance quantitative de l’économie capitaliste ou les limites et les camouflets infligés à la souveraineté populaire. Pour enrayer sa crise, elle doit résoudre au moins cinq dilemmes : ceux de son projet (quelle alternative crédible au néolibéralisme ?), de son électorat (quelle coalition électorale majoritaire et stable ?), de son organisation (comment relayer les attentes populaires et renouveler la forme partidaire ?), de son environnement institutionnel (accepter ou contester les institutions existantes ?), et de l’unité de sa famille (quelle stratégie commune dans l’UE à 27 ?).

Jean-Luc Gréau : Les pères de l’Europe étaient des sociaux démocrates et des démocrates chrétiens. Or, Jacques Delors est issu des deux familles politiques qui ont lancé le projet européen. Il pourrait donc incarner une double fidélité à l’esprit qui a animé les Robert Schumann, Paul-Henri Spaak, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer. Ces personnalités politiques entendaient ouvrir la voie à une coopération des Etats, des entreprises et des peuples. Et il est significatif que l’Euratom et la CECA aient constitué les premières ébauches de la future Europe.

Avec Jacques Delors et ses semblables, au contraire, ce sont l’élargissement et l’intégration qui deviennent les maîtres mots. Elargissement inconditionnel qui empêche l’Europe de se définir à partir d’une assise territoriale stable et cohérente. Intégration juridique qui aliène la capacité d’action des Etats. Le double mouvement n’a pas de cesse en dépit de la crise. L’UE accueillera la Croatie en 2013. Le dernier sommet conclu le 12 décembre ouvre un nouveau domaine à l’intégration.

Or, tandis que le double mouvement d’élargissement et d’intégration se poursuit sans obstacles apparents, les grands Etats européens sont aux prises avec les contraintes nées de la globalisation. Chaque pays tente de trouver une voie d’insertion réussie dans la compétition mondiale. Et c’est ainsi que l’Angleterre a développé et protégé les activités de la City qui s’adosse à un paradis fiscal. C’est ainsi que l’Allemagne a choisi de réduire les coûts de sa puissante industrie. Dans ce contexte, la couleur politique des grands décideurs étatiques n’a plus guère d’importance. Tony Blair a entériné le Big Bang thatchérien qui a déréglementé l’ancienne City. Gerhardt Schröder a supervisé les accords Hartz qui ont permis d’accroître sensiblement, sans contrepartie, la durée du travail dans les secteurs privé et même public en Allemagne.

Nous sommes donc en présence d’une forte contradiction. D’un côté, une fuite en avant vers plus d’Europe, avec l’alibi du mieux d’Europe. De l’autre côté, des politiques opportunistes d’ajustement à la mondialisation. Comment la contradiction se résoudra-t-elle ?

Gérard Bossuat : L’inventaire du Delorisme n’a rien d’inconvenant si l’on ramène bien les termes de l’examen aux situations de l’époque considérée. Delors est un « ingénieur social » attentif à la conjoncture. Il répond donc à des situations concrètes, inscrites dans un temps donné. IL ala conviction que le service des citoyens passe avant celui de la finance.

L’Europe s’est construite en grande partie sous l’impulsion des sociaux-démocrates qui à la base voulait créer une Europe sociale. Aujourd’hui, c’est une vision néo-libérale qui semble l’avoir emporté. Les sociaux-démocrates sont-ils victimes d’un rapport de force qui leur est défavorable ou se sont-ils convertis au libre-échange ?

Henri de Bresson : L’idée européenne a été portée principalement à la sortie de la guerre par les chrétiens démocrates, en France par le MRP, soutenu il est vrai par la SFIO, contre les communistes et les gaullistes. Les sociaux démocrates allemands sont restés très longtemps en retrait, y voyant une entreprise de droite pouvant être un obstacle à la réunification allemande. Il a fallu attendre le chancelier Schmidt dans les années 70 pour qu’ils changent de fusil d’épaule.

La grande époque social-démocrate de l’Europe, au tournant des années 2000, n’a pas permis de marquer l’Union européenne : les sociaux-démocrates étaient trop divisés. Tony Blair et sa troisième voix, inspirée par le néo-libéralisme ambiant, a été pris pour modèle par le chancelier allemand Gerhard Schröder et l’italien D’Alema, au grand dam des socialistes français de Lionel Jospin. La rupture a été durable, offrant un boulevard à la droite dans la négociation des traités européens. Cette période est en train de se refermer.

Mathieu Vieira et Fabien Escalona : Nous avons déjà souligné que les partis sociaux-démocrates n’ont pas toujours été euro-enthousiastes, et qu’un rapport de force défavorable après l’échec du keynésianisme les a conduits à une sorte de "pacte faustien". A partir de là, on peut ajouter deux éléments importants. Premièrement, leur conversion au projet communautaire ne s’est pas accompagnée d’une réflexion sur la nature des institutions européennes, semblable à celle qu’ont eue les socialistes français sur la Vème République (pour finalement accepter sa logique). Quitte à en tirer des conclusions douloureuses, les sociaux-démocrates européens auraient en effet dû se poser cette question : une alternative sociale-démocrate est-elle possible dans un système institutionnel conservateur, qui ne favorise pas un traitement partisan des enjeux européens ? Cela aurait évité bien des illusions sur la thématique de l’Europe sociale.

Deuxièmement, le vrai "ratage" est celui de la fin des années 1990, lorsque les sociaux-démocrates étaient nettement majoritaires au Conseil européen. Cette fois-ci, l’argument du rapport de force ne fonctionne plus aussi bien : ils avaient bien une fenêtre d’opportunité sans précédent pour imposer un agenda européen social-démocrate, et ne l’ont pas fait. En grande partie parce que la majorité de ces sociaux-démocrates étaient en fait acquis à des conceptions davantage sociale-libérales (pour aller vite) qu’euro-keynésiennes.

Gérard Bossuat : Il faut distinguer entre ce que propose la Commission – ce que proposait Delors en 1992- (voir plus haut)- et ce qu’ont décidé les Etats. Il est toujours curieux de relever cette confusion sur le rôle des institutions communautaires. On ne prête qu’aux riches, dit-on, en l’occurrence à Delors, mais les Etats ont refusé de financer la politique de grands travaux destinés à lutter contre le chômage. Quand l’Europe est sociale-démocrate elle tente de faire une politique conforme à ses fondamentaux, quand elle est partagée, généralement le rapport de force va en faveur du libéralisme. « L’Europe rose » n’a duré que deux ans (1997-1998). Le modèle social-démocrate de Tony Blair, un social-libéralisme a-t-on dit, les pratiques politiques de Gerhard Schroeder ou des pays scandinaves, le « socialisme moderne » de Lionel Jospin, d'inspiration néo-keynésienne[2] ont introduit des référents politiques plus complexes que les slogans du néo-libéralisme. L’Europe sociale, la régulation de l’économie de marché restent un objectif de la social-démocratie européenne qui sait bien qu’elle ne peut exister sans une économie raisonnablement ouverte.

Jean Monnet a fait le pari que créer une union économique suffirait à engendrer la paix et la prospérité. Son intuition était-elle vraiment la bonne ? N’a-t-on pas oublié de penser des mécanismes pour rendre cette zone économique homogène ?

Mathieu Vieira et Fabien Escalona : Tout d’abord, la vision de Monnet et des cercles fédéralistes n’était pas le seul moteur de la construction européenne, puisqu’il faut y ajouter les visées stratégiques des Etats-Unis, de la France et de l’Allemagne. C’est notamment ce que rappelle Perry Anderson dans son ouvrage Le Nouveau Vieux Monde. Il y explique aussi que ce qui est révélateur dans la trajectoire personnelle de Monnet, c’est sa relative indifférence au cadre de l’Etat-nation : en effet, jusqu’au milieu des années 1970, les peuples ne sont pas démocratiquement impliqués dans le processus d’intégration européenne. C’est un problème toujours non résolu à notre sens. Or, l’absence d’une véritable communauté politique européenne est directement liée aux difficultés à "homogénéiser" l’UE économiquement : une telle tâche requiert un degré de solidarité difficilement envisageable entre des corps sociaux à la souveraineté limitée et divisée !

Henri de Bresson : On a souvent dit que les pères de l’Europe auraient bien commencé par la culture. Mais que leur intuition était d’amorcer le chemin vers "une fédération européenne" - selon les termes de la déclaration Schuman de 1950 - en mettant l’accent sur la mise en commun des ressources essentielles au redémarrage de l’économie européenne de l’époque, le charbon et l’acier. C’était un pari sur une solidarité de base, entre pays détruits par la guerre, mais qui avaient besoin de temps pour trouver le chemin d’une solidarité politique. Ce qu’est venu confirmer trois ans plus le rejet par la France de la Communauté européenne de défense.

Jean-Luc Gréau : S’appesantir sur la personnalité présumée de Jean Monnet n’aide pas beaucoup à résoudre l’imbroglio économique, monétaire, financier et politique actuel. L’Europe a été portée sur les fonts baptismaux par des hommes de bonne volonté dont j’ai donné le nom. On ne pouvait préjuger de ses orientations futures à partir de la personnalité de tel ou tel.

Les pères fondateurs ont d’abord voulu que les Européens se mettent à travailler ensemble, à coopérer, comme dans ces organismes qu’étaient la CECA et l’Euratom, illustrations d’une volonté commune dans l’acier, le charbon et l’atome. Il suffit de voir que l’acier européen est aujourd’hui délocalisé ou transféré aux mains d’actionnaires non européens et que le nucléaire est aux trois quarts banni du Vieux Continent pour mesurer le renversement de perspectives entre l’Europe du départ et la nôtre.

Cependant, votre question a le mérite de soulever le point de savoir si une "petite" Europe, s’appuyant sur la paix entre ses membres, n’aurait pas mieux agi en se dotant d’une diplomatie et d’une défense communes plutôt que de se lancer dans une entreprise de développement prioritaire de ses échanges commerciaux. Il est permis de le penser.

La politique commerciale, qui doit mêler protection et ouverture, est une manifestation de la souveraineté. Si les Européens s’étaient dotés d’une diplomatie et d’une défense commune, ils auraient constitué une entité politique susceptible de mettre en œuvre une politique de protection adaptée aux circonstances. Mais l’Europe de Bruxelles est celle du désarmement général et unilatéral en tout domaine. Elle a signé un accord de libre-échange déséquilibré avec la Corée du Sud, elle en prépare d’autres avec le Japon, l’Inde, les puissances nord américaines, la Chine enfin ! Tout cela se fait et se prépare sans que les populations aient à en connaître.

Le silence de Jacques Delors sur ces questions signifie sans doute qu’il approuve la fuite en avant libre-échangiste de l’Union. S’il se présente en chattemite devant nous, c’est pour aider l’entreprise néolibérale européenne à se maintenir sur sa trajectoire.

Gérard Bossuat : Le rappel de l’action de Jean Monnet a le mérite de faire prendre conscience que le processus d’unité, fondé uniquement sur des unions sectorielles (CECA par exemple, union douanière, union économique et monétaire), comme l’avait proposé Monnet dès 1950, a des limites. L’Europe a besoin d’un projet politique, d’un avenir qui puisse enthousiasmer les Européens. Une nuit du 4 août[1] est indispensable pour réveiller l’Europe alors que le monde entier a de moins en moins besoin d’elle. Cet avenir peut prendre la forme d’un gouvernement commun, contrôlé évidement par le Parlement et par les États selon des règles qui ne font pas encore l’unanimité. Delors parlait de survie ou de déclin pour l’Europe. Il a raison !

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Propos recueillis par Alexandre Devecchio

[1] Voir Antoine Bargas, « Convergences sociales-démocrates anglo-suédoises, Recréer la confiance sociale, renouveler l'économie », note n° 7/2011, Juillet 2011, Eurocité.

[2] Alain Bergounioux et Daniel Cohen, Le Socialisme à l’épreuve du Capitalisme, Fayard, 2012

Mots-clés: Jacques Delors | libre-échange | mondialisation | social démocratie

Europe | Politique

Commentaires

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Par Cincinatus - 28/12/2012 - 22:00 - Signaler un abusun nouveau projet pour l'Europe ?
Facile ! Montrez aux citoyens que c'est bien leurs intérêts qui sont la priorité. Les structures (commission, parlement, conseil) doivent pouvoir justifier chacune de leurs décisions à cette seule mesure. Aucun traité international ne doit avoir pré-éminence sur la volonté exprimée des populations de l'Europe. Les autorités doivent répondre de leurs actes ou de leur indolence ...


Par vangog - 27/12/2012 - 15:12 - Signaler un abus"Primo", "néo","ultra"- libéralisme, la réalité est beaucoup
plus simple que ces mauvais qualificatifs inventés par les organes de propagande Gauchistes pour tenter de faire porter la responsabilité de la crise sur les Libéraux , sur la finance internationale, sur les "marchés aveugles", bref tous les épouvantails traditionnels de la gauche...
Non, la réalité est beaucoup plus simple et transparaît même derrière la propagande des "médias aux ordres":
Avant les années 80, l'Europe était fondée sur les principes économiques du "libre-échange", principes qui n'ont rien de "néo", mais sont tout simplement "libéraux"...
C'est ensuite, avec l'arrivée des socio-démagogues sous la houlette des Mitterand, Delors, Lamy, que tout se gâte!
Croyant appliquer aux nouveaux entrants pauvres la "fausse générosité", qu'ils prônent dans leurs pays, ces socio-démagogues inventent tout un tas de structures "compensatrices", fonds structurels, fonds de compensation, aides au développement, destinés à alimenter les potentats locaux et souvent ex-cocos ou ex-socialos de Grèce, Portugual, Espagne et Europe de l'Est, qui n'ont fait qu'alimenter la corruption et n'ont pas ete contre-balancés par une uniformisation fiscale et sociale(autant que monétaire)indispensable


Par totor101 - 27/12/2012 - 12:29 - Signaler un abusL'EUROPE
l'europe , pour les génération qui ont connu une ou 2 guerres mondiales c'était la concrétisation d'un réve de paix !
la conception gaullienne c'était un groupe de pays unis qui puissent faire façe à la fois aux USA et à l'URSS, politiquement et économiquement .....
Mais le problème a été multiple:
- une commission européenne qui n'a de comptes à rendre à personne
- une allégeance au USA et à leur économie de plus en plus grande
- un élargissement démesuré ! une Europe à 6 ou 10 était vilipendée par les USA, une Europe à 27 pour eux c'est génial.....
.
VITE L'INDEPENDANCE DE L'EUROPE

Par destartin - 27/12/2012 - 03:41 - Signaler un abusA gargamel
Que voulez-vous schtroumpfer?

Par gargamel - 27/12/2012 - 01:16 - Signaler un abussujet à revoir
tant de commentaires pour vous cloppotter !
Non merci


Par destartin - 26/12/2012 - 21:08 - Signaler un abusA eheime
"Le libéralisme prétend se fonder sur les réalités économiques et non sur des désirs". Mais ces réalités économiques, de quoi sont-elles l'expression? De désirs. Les marchés financiers fluctuent au rythme des désirs toujours plus cupides de ses acteurs.
"Concretement cela signifie qu'on va chercher le plus possible à canaliser les comportements génants". "Pas de subvention, pas de cadeaux".
Et vous prétendez parler au nom de la réalité?
Vous vivez dans un conte de fées. Le conte de fées de l'idéologie.


Par jean-paul - 26/12/2012 - 21:07 - Signaler un abusLEADER=DIRIGEANT
merci de parler french correctement!

Par destartin - 26/12/2012 - 21:02 - Signaler un abusA eheime
Si on commence à s'envoyer à la face ceux qui en savent plus que nous, autant fermer tous les forums. Nous sommes là pour discuter, quel que soit le niveau de nos connaissances. Et puis d'ailleurs, ceux qui en savent beaucoup sont-ils tous d'accord entre eux?
Donc, oui, l'humiliation de l'Allemagne, oui, la dette de guerre. Mais je suis de ceux qui pensent que le crach de 29, dont l'Allemagne est un des pays qui a le plus souffert, a été le coup de grâce. Sans la crise de 29, je suis sûr qu'Hitler ne serait pas parvenu au pouvoir. Mais on peut ne pas être d'accord.
Quand je parlais de tuer son voisin, vous n'avez pas compris que je faisais un parallèle entre liberté politique et liberté économique.
"La tendance naturelle est peut-être la loi du plus fort (à vérifier) alors que le liberalisme vise l'équité de droits face à la loi." La tendance naturelle, ça ne veut rien dire. Le comportement de l'homme dépend de son environnement social. Quant au libéralisme, on voit à quel point il vise l'équité: les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, les puissants toujours les mêmes.

Par Ludo1963 - 26/12/2012 - 20:59 - Signaler un abusDelors et Attali, taisez vous
Il faut arrêter de parler de concepts en blocs… comme une « génération de sociaux démocrates »
Les vrais sociaux démocrates sont ceux des pays nordiques, qui ont su revoir les missions de
l’état et réduire les dépenses publiques… Eux s’en sortiront beaucoup mieux que nous.
Nous n’avons jamais eu de sociaux démocrates, nous n’avons eu que des imposteurs de socialistes. Le seul socialiste à mes yeux depuis 30 ans, c’est Sarko, avec sa réforme des retraites… pour ceux qui douteraient de cette affirmation, regardez sa politique, plus à gauche que les socialistes de pays nordiques. Notre gauche française est communiste, c'est-à-dire mentir au peuple pour s’attribuer des postes.
Delors a gouverné avec Mitterrand, tout comme Attali, ils ont contribué à la chute de la France, et maintenant donnent de belles leçons, tout en ayant appelé à l’élection d’Hollande, ou n’avoir pas pu critiquer les 35 heures de sa pauvre fille…
Qu’ils se taisent maintenant. Au lieu de, comme la semaine dernière, approuver la politique d’Hollande (sur BFM radio)

Par eheime - 26/12/2012 - 19:35 - Signaler un abusMais surtout
le libéralisme prétend se fonder sur les réalités économiques et non sur des désirs. Concretement cela signifie qu'on va chercher le plus possible à canaliser les comportements génants plutot que de les interdire car ils existeront toujours (drogue, prostitution, ..).
Ca veut dire qu'on vise la simplicité fiscale maximale (pas de subventions, pas de cadeaux, pas d'exceptions) pour éviter les comportements adaptatifs contreproductifs, le découragement, voire la fuite. Ca veut dire qu'on recherche une liberté de commerce maximum pour qu'elle s'autoéquilibre et laisser chacun identifier et pallier aux besoins réels de sa région plutot que de compter sur un état qui se trompe à chaque fois car il ne sait pas identifier correctement les besoins.

Par eheime - 26/12/2012 - 19:16 - Signaler un abus @ destartin
"suite à la 2e guerre mondiale, qui était due principalement à la crise de 29. C'est-à-dire au "primo-libéralisme".
> La 2e GM a été initiée en allemagne, pas au états unis. Et pour la raison que l'allemagne se sentait humiliée d'avoir perdue aors qu'elle s'estimée plus forte, d'une part. Et d'autre part parce qu'elle avait un mal fou à rembourser les dommages de guerre, ce qui l'a conduit à créer de l'inflation pour rembourser, ce qui a ruiné le pays et mis Hitler sur les rails. Je vous renvoie aux discours de Churchill qui en savait un peu plus que vous sur le sujet.
Enfin, le liberalisme ce n'est pas le droit de tuer son voisin. Il y a des règles mais elles se limitent au nécessaire : la police, à l'armée, à la justice et eventuellement un fonctionnement modique de l'Etat. Comme vous dtes : renseignez vous ! (http://fr.wikipedia.org/wiki/Lib%C3%A9ralisme#Les_fondements_du_lib.C3.A9ralisme).
Sur le libéralisme et le côté naturel. Je pense que c'est ce qui s'en rapproche le plus concernant l'économie. En terme social, c'est moins sûr, puisque la tendance naturelle est peut-être la loi du plus fort (à vérifier) alors que le liberalisme vise l'équité de droits face à la loi.

Par sicenetoi - 26/12/2012 - 18:51 - Signaler un abusL"Europe néo-libérale ?
Dire que Gréau à raison, me chiffonne un peu car les thèses du Medef ne sont pas ma tasse de thé mais bon...
Sa présentation de la déflation salariale et en effet une des causes de ma crise, sans doute la plus importante. Mais l'on n'évoque jamais la déflation actionariale curieux non ?
Cette déflation salariale a amené ceux qui en sont victimes et avec l'aide des pouvoirs politiques de droite comme de gauche, pour avoir la paix social, à s'endetter afin de faire face aux engagements pris avant cette déflation... j'en parle à l'aise car j'ai vécu cette situation.
L'endettement de tous les pays, avec plus ou moins d'amplitude, est me semble-t-il la conséquence de ces faits.
cette déflation salariale aurait pu être évitée si l'Europe et les Etats qui la composent avaient, et cessent de se concurrencer ENTRE EUX . Mais cela n'a pas été et n'est pas encore à l'ordre du jour.
Si l'Allemagne nous taille des croupières sur tout, elle a pleinement bénéficié de sa réunification, pour à la fois AUGMENTER SA POPULATION VIEILLISSANTE et aussi bénéficier d'un apport de main d'oeuvre moins exigeante, doublée d'un fort appel à la sous-traitance à l'Est européen.

Par destartin - 26/12/2012 - 16:32 - Signaler un abusA eheime
Toujours les mêmes clichés: "le libéralisme est naturel" (on se demande ce que ça veut dire, mais passons), "c'est la liberté", mais alors, je suis libre de tuer mon voisin, aussi?
Renseignez-vous. On a nommé "néo-libéralisme" le libéralisme apparu dans les années 80, qui venait après une longue période d'après-guerre, pendant laquelle l'économie était davantage régulée, suite à la 2e guerre mondiale, qui était due principalement à la crise de 29. C'est-à-dire au "primo-libéralisme".

Par eheime - 26/12/2012 - 16:02 - Signaler un abusIl faut arrêter de parler de "néo-libéralisme"
Le liberalisme n'a rien de nouveau. Il date des idées des lumières et a inspiré directement les déclarations Française de 1789, ou Américaine ou Corse un peu avant. Frédéric Bastiat au 19e ou encore Von Mises au 20e n'ont fait que reactualiser, en expliquant, souvent un peu mieux que par le passé, des idées qui n'ont pas changé, qui était, sont et seront basées toujours sur le même socle : la liberté individuelle. Il est sans doute le premier mécanisme economique que l'homme a utilisé en raison de sa simplicité intuitive et naturelle, avant que d'autres ne viennent réguler (avec de bonnes ou de mauvaises intentions, peu importe).A part Keynes, qui se disait libéral, et qui a proposé un concept, novateur à l'époque, de prudence à priiori et d'interventionisme correcteur des excès à posteriori (on en pense ce que l'on veut, ce n'est pas le débat ici), il n'y a pas eu de nouveauté dans le liberalisme. Il ne faut donc pas parler de "néo-libéralisme", ce qui ne signifie rien, mais de "libéralisme".

Par ender - 26/12/2012 - 14:09 - Signaler un abusdémocratie
les intervenants semble juste oublier que le projet européen construit par les pères de l'union a était complétement dévoyer par la constitution européenne largement rejeter par le peuple et passer en force par les ultras libéraux via des lois
L'europe des années 80 etais pas forcément une mauvaise idée bien que incomplète mais le coups d'etat fait par les milieux financier a travers l'ump et c'est frères européen a tous pourris de l'interieur
aujourd'hui les états européens doivent rembourser la dettes des banques pour éviter leur faillites et se retrouvent eu meme en faillite continuant a prêter au banques priver via la bce a des taux extraordinairement bas voire négatifs pour emprunter a des taux a prohibitif a ces même banque.alors la question n'est pas de savoir si Delors a eu tord de construire l'union mais de savoir si Sarkosi avais le droit de passer outre le choix de ces concitoyens ces a dire cracher sur la démocratie.

Par Equilibre - 26/12/2012 - 13:50 - Signaler un abusIl ne faut pas penser droite/gauche pour comprendre
mais mondialiste/souverainiste ou "libéraux", libre-fairiste, "néo-libéraux" suivant les vocables en vigueur.
Lire des analyses de Michéa, même si pas toujours très "juste" sur l'approche économique.
L'alternance PS/UMP, ce n'est que le mondialisme de droite qui "s'oppose" au mondialiste de gauche. Même pièce, face différente et copain comme cochon sur ce type de sujet, complémentaires sur d'autres, les uns faisant ce que les autres ne "peuvent" faire.
Cela dit, l'article est très bien et même s'il en manque, obligé vu la taille du sujet, c'est une bonne introduction.
Je remercie @Atlantico de nous présenter de tels sujets de temps à autre, permettant d'avoir des analyses à très long terme, dépassant le clivage politique.
Et même si @carredas se plaint que c'est illisible, ce type de sujet ne peut décemment être abordé en une page, même bien remplie.
L'échec programmée de cette bouse UE et neuro nous conduisent droit dans les chiottes de l'histoire.
La forfaiture de ceux qui nous y conduit devra un jour être reconnue.

Par laïcité - 26/12/2012 - 12:01 - Signaler un abus Delors et tous ceux qui ont partagé sa vision
de l'Europe sont à l'origine de la grave crise que traverse notre pays !...L'avenir démontrera que ces gens là ont eu tout faux, j'en fais le pari !!!!!

Par l'enclume - 26/12/2012 - 11:37 - Signaler un abusOh! la belle paire
Gégé Foufou - 26/12/2012 - 07:28
Très mauvaise question, cette probabilité est prévue pour les années 2099/3000.
D'ici la, ma tante en aura, on l'appellera mon oncle.
"Hein ?
Tu vois ! Il faut parler distinctement".

Par Thomas Bishop-Garnier - 26/12/2012 - 10:49 - Signaler un abusOui, une enorme part de responsabilités !
Jacques Delors n'est pas le seul puisque les choix politiques ont été le fait des dirigeants européens mais ... en tant que ministre puis comme president de la commission européenne, il porte une enorme part de responsabilités dans le fiasco européen actuel.
Et en plus, Jacques Delors est politiquement un "degonflé" qui ne s'est pas presenté à une election au suffrage universelle aussi importante que la presidentielle de 1995.
Certes, il y a la liberté d'expression mais il est insupportable d'entendre les leçons de ceux qui n'assument pas de responsabilités publiques par rapport à d'autres qui ont, au moins le courage, d'en prendre.

Par carredas - 26/12/2012 - 10:42 - Signaler un abus@Atlantico
Quatre intervenants qui répondent aux mêmes questions sur trois pages, c'est illisible.

Par armadaguedon - 26/12/2012 - 09:05 - Signaler un abusils se servent dans les caisses
http://www.planet.fr/politique-revelations-sur-la-cagnotte-secrete-des-parlementaires.281738.29334.html

Par Gégé Foufou - 26/12/2012 - 08:28 - Signaler un abus ET SI LE F.N.
Venait à prendre le pouvoir politique en France, que se passera-t-il d'après vous.
Famines, guerres, épidémies, cataclysmes, révoltes ou retrouverons nous pas notre liberté de décision et notre souveraineté politique, économique et sociale?
Bonne question hein ??



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