zondag 7 april 2013

Hildegarde...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hildegarde_de_Bingen

Et j'ai trouvé cela par hasard, enfin... presque... Mis en ligne parce que ce genre de personnages m'inspire...

Hildegarde de Bingen

[...]

Moniale emblématique du XIe siècle, Hildegarde de Bingen est entrée dans ma vie en pointillés. Ses chants certains dimanches matins se sont propagés dans l’enfance (rien de tel que la musique sacrée pour calmer les enfants). Puis, son silence est resté longtemps en suspens. Il y a quelques années, en sortant d’une représentation de Origine du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, j’ai voulu en savoir plus sur les choix musicaux, joués et chantés en direct. Les chants de la mystique soufi Rabi’s van Basra (Rabia al-Adawiyya de Basra) et de Hildegarde de Bingen suivaient l’évolution des danseurs sur scène. En parallèle, mes lectures sur l’alimentation, la botanique et la santé ne cessaient de me conduire vers celle qui était à chaque fois citée dans ces pages : Hildegarde de Bingen. Dès cet instant, ma conscience spirituelle a mutée... Les paramètres étaient en place : j’étais prête. Entre tous les noms, Hildegarde s’avère être une révélation à mon être.

Ses talents reflètent un état prophétique que j’ai appris à reconnaître en apprenant à me connaître. Mystique de la terre mère, sa production est plurielle : théologie, prédication, historiographie, hagiographie, sermons éloquents, écrits épistolaires et ouvrages médicaux (soin et pharmacologie), astrophysique, iconographie de visions, musique (composition et chant).
L’art la libère de son corps terrestre, lui permet d’entrer en transe. Ses opéras (Ordo virtutum - Le jeu des vertus), symphonies et hymnes servent de méditation aux soeurs. Et aussi à exprimer le transport de l’âme. Dans le chant, avant de parler de la voix, on parle du souffle où se manifeste l’esprit (pneuma). Cette technique conduit les sœurs à l’extase. L’amour désincarné bien dirigé est d’une rare puissance. Hildegarde maîtrise cet art, c’est même celui pour lequel elle a le plus de dispositions. Un enregistrement représentatif de ses compositions s’appelle les Chants de l’extase. Ses oeuvres musicales reconnues au-delà des frontières ont fait l’objet de nombreux enregistrements, en passant par les merveilles de Sequentia et le spectacle « Le mariage du Ciel et de la Terre » interprété par Catherine Braslavsky & Joseph Rowe, aux remixes douteux des années 90 parce que Hildegarde c’est hype. Dans les hommages, on retrouve Claire Pelletier et plus récemment Camille.
En-dehors de l’Allemagne, sa terre d’origine, ses autres talents intéressent depuis quelques décennies d’autres sphères que les religions.
On est face à une humaniste plus qu’à une religieuse au sens classique. Un métissage où courants celtiques, hindoues, chrétiens, bouddhistes, islamiques, amérindiens... se lit et se reconnaît dans ses visions. Ses peintures se rapprochent des mandalas, bien avant Léonard de Vinci elle représente l’homme au centre du cosmos et l’environnement - et ses heures chaotiques - tient une grande place dans ses visions prophétiques. L’intelligence immédiate différant de celle inculquée, l’éloigne de la vision sectaire de l’Église qui donne l’ordre d’écouter la seule voix rendue publique. Alors que Hildegarde entretient et offre l’opportunité d’écouter sa propre voix intérieure. L’observation, l’écoute et le travail des sens, voilà d’où viennent son savoir. Une connexion directe avec la connaissance universelle, la Source. D’où la confusion certaine avec l’idée de voir en elle une initiée affiliée à un groupe éclairé. Les alchimistes la mettent souvent en avant, au même titre que Marie la Juive et Basile Valentin. Ses « écritures » sont directes et imagées. Le frère la prenant en copie est interdit de corriger ses mots : ainsi ils ont été dicté du Très Haut, ainsi ils doivent être retranscris.
Hildegarde est aussi une femme de son siècle, avec les erreurs et les croyances qui le peuple. Entre invraisemblance et véritable découverte, l’avancée scientifique et technologique permet cette distinction. Mais attention à ne pas non plus renier tout sous prétexte qu’une chose n’est plus valable. Et encore si cette chose est clairement identifiée. On a de drôles de surprises avec des « spécialistes » qui se gaussent de certaines pratiques du moyen-âge en oubliant son langage codé. Tel l’usage d’une plante qui sera nommée par sa ressemblance avec un animal et non pas l’usage de cet animal. Le plus connu étant la dent de lion qui n’est autre que le pissenlit. De fait, je ne précise pas le nom de l’auteur ni le titre de son livre, je n’ai aucune envie de lui faire de la pub. On peut rapprocher les méthodes de Hildegarde à celles de Séraphine de Senlis en peinture. Les matières premières organiques recèlent dans leur composantes tout ce qu’il y a de plus légitime pour des soins et le bien être chez Hildegarde, pour des pigments et de la résine chez Séraphine de Senlis. Hildegarde a des défauts mais son importance reste capitale pour la mise en lumière du lien mystérieux existant entre les hommes, le corps et l’esprit eux-mêmes entièrement greffés à la nature et ses caprices. L’harmonie entre la voix intérieure et le monde extérieur : la loi de l’équilibre. Hildegarde dans un milieu cintré est centrée et rayonne d’un positivisme auquel les soeurs sont très réceptives.
Elle est la foi incarnée. Son éducation chrétienne, fait qu’elle véhicule les idéologies chrétiennes. Au sein d’une communauté musulmane, juive ou autre, elle aurait véhiculé les idéologies de ces religions. Dieu est nommé La Lumière Vivante. Hildegarde parle de viridité, de la sève de vie, celle-ci ne se rattachant pas à une croyance, le message sortant d’une religion s’entend par tous.
Audacieuse, innovante, c’est sur le tard qu’elle s’accorde ces libertés. S’arrêter sur elle parce que c’est une femme est réducteur. Chaque époque, chaque siècle, a son lot de femmes libres en dehors de la mouvance. Hildegarde n’est pas une exception en ce sens. Elle est une exception entre les premiers signes perçus et l’âge où elle s’en est affranchie. C’est un exemple pour des personnes qui se disent, c’est trop tard. On nous dépeint très souvent des personnalités brillantes, telles des Comètes, très vite révélées à leur destin et très vite éteintes. Chez Hildegarde c’est une autre musique qui se joue.
Ses visions précoces conduisent ses parents à la confier à Jutta (une ermite). Plus par peur que convaincus sur ses aptitudes même si dans la famille la plupart entrera en religion. Se sachant un phénomène, Hildegarde tait ses visions. Après avoir grandie dans un monastère mixte et de tradition celtique que dirige Jutta, elle finie par s’accepter.
Femme de tempérance, la science de la nature est pour elle mère de la juste mesure, de « la juste relation ». Elle ne prône pas l’excès contrairement à d’autres sœurs, mortes d’ailleurs beaucoup plus jeunes qu’elle à tant de dévotion et de privation. L’espérance de vie à cette époque est très courte, Hildegarde pourtant connue pour sa santé fragile meurt à 82 ans. Elle cultive le respect de soi, s’entretient en marchant, en voyageant... Ses problèmes de santé ponctuent en partie ses cas de conscience. Dès qu’elle ne suit plus sa voix intérieure, son corps lâche.
Elle tient auprès des hautes instances une forte influence en correspondant avec Bernard de Clairvaux. Elle rappelle à l’ordre le Pape Eugène III sur la justice menée au sein de l’église. Quant à Barberousse, elle le met en garde sur ses pulsions, en vain. Sœur, statut le plus bas et ignoré dans la hiérarchie chrétienne, servante du seigneur, de ses frères, de l’homme. De tout ça, elle en fait fi. Après la mort de Jutta, elle dirige ce même couvent avant d’obtenir par la suite le sien vers la quarantaine et y accueillir les sœurs (et leurs dotes). En fin de vie, elle va se faire entendre lors de son excommunication pour avoir enterré un soldat hors sacrement. L’ordre rétabli, elle meurt dès son retour.
Le titre honorifique de « Sainte » par l’Église lui est refusé et ce malgré les demandes insistantes. Le peuple l’a remplacé dans ce rôle. Pour l’Église c’est une bienheureuse, mais la patine du temps a su lui dessiner les ailes que la Lumière Vivante lui avait déjà donnée et que les hommes ont su voir.

Sources :
Hildegarde de Bingen de Régine Pernoud (livre historique complet, existe en Livre de Poche)
Hildegarde de Bingen : une vie, une œuvre, un art de guérir en âme et en corps (de Ellen Breindl, traduit de l’allemand), chez les Éditions Dangles (livre en accord avec les idéaux de son sujet, un des meilleurs)
Hildegarde de Bingen : la sentinelle de l'invisible (de Audrey Fella, chez Courrier du livre) 2009 (un sommet de références et de déduction, sa seule faiblesse est d’être universitaire)
Un chapitre entier lui est dédié dans Voix de femmes au Moyen Âge (sous la direction de Danielle Régnier-Bohler, chez Robert Laffont)
Hildegard von Bingen in portrait (BBC Opus Arte) réalisé par Ferenc Van Damme (double DVD)
Vision de Margarethe von Trotta

Trouvé dans http://sylph-lametamorphose.over-blog.com/ (7 février 2012). Je ne connais pas ce blog plus que ça.

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