donderdag 11 april 2013

Où se situent les chrétiens catholiques en politique européenne?...

Un nouveau club de réflexion réunit élus et militants associatifs héritiers du christianisme social. Il veut donner un second souffle à l’action publique.

Le projet ne manque pas d’ambition. Des élus et des personnes engagées dans le mouvement social (ONG, associations…) et dans le monde de l’entre­prise lancent un club de réflexion politique dont le nom est déjà tout un programme : Esprit civique. S’inscrivant dans la tradition du christianisme social, ce laboratoire d’idées se veut une force de proposition aux côtés des pouvoirs publics et des élus, au Parlement et dans les territoires. « En dehors des partis et de tout esprit partisan », précise l’un de ses fondateurs, Jérôme Vignon, président des Semaines sociales et de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale. « Nous nous voulons ouverts à tous ceux qui, dans la diversité de leur sensibilité, de leur croyance ou de leur non-croyance, partagent la culture humaniste inspirée du personnalisme communautaire. »

À l’origine de ce think tank, des collectifs comme la Table des chrétiens de gauche ou le Pacte civique de solidarité, des courants politiques comme les ­Poissons roses, et quelques élus socialistes. Ceux-là n’ont pas accepté la manière dont le gouvernement a géré le débat sur le mariage pour tous. « On peut s’affronter sur des sujets de société, mais encore faut-il avoir entendu ce que l’autre a à dire. Repérer les désaccords et trouver des compromis, c’est l’essence même de la politique », estime Jérôme Vignon, pour qui « l’absence de débat en démocratie, où chacun se contente de camper sur ses positions, est bien plus grave que le scandale Cahuzac ou que n’importe quelle affaire financière. »

C’est aussi l’avis de Jean-Philippe Mallé, cofondateur du cercle avec ­Dominique Potier. Tous deux font partie des dix députés PS qui se sont abstenus ou ont voté contre le projet de loi. « N’est-on pas en train de passer d’une politique de la loi pour tous et du bien commun à celle de l’injonction ? Faut-il répondre à toutes les demandes particulières, catégorielles ? », s’interroge l’élu socialiste des Yvelines qui, tout en dénonçant « le règne d’une idéologie libérale libertaire », se refuse à faire une fixation sur ce dossier. « C’est vrai, cette affaire a été pour nous un élément déclencheur, mais nous voulons voir plus large. Bien d’autres questions nous préoccupent et nous poussent à une réflexion en profondeur pour rénover l’action politique de notre pays. »

Pour mener ce travail de fond, les fondateurs du club veulent s’inscrire dans le sillage philosophique de trois géants de la pensée morale et politique au XXe siècle : le catholique Emmanuel Mounier (1905-1950), fondateur de la revue Esprit et du courant ­personnaliste, le juif Emmanuel Levinas (1906-1995) et le protestant Paul Ricœur (1913-2005), tous deux philosophes de l’éthique. « Nous ne voulons pas seulement dénoncer le matérialisme, l’individualisme et le ­libertarisme, mais nous souhaitons promouvoir le personnalisme, qui insiste sur le lien social et sur la nécessaire solidarité entre les hommes », affirme Jean-­Baptiste de Foucauld, membre d’Esprit civique et fondateur de l’association Démocratie et Spiritualité. Pour celui qui fut l’un des principaux inspirateurs du Pacte civique, lancé par des organisations de la société civile en mai 2011, « la gauche doit absolument se remettre en question et réfléchir sur sa vision de l’individu, sur ses droits et sur ses devoirs ».

La fondation d’Esprit civique signe-t-elle le retour des chrétiens de gauche en politique ? Depuis la fin des années 1980, les héritiers du christianisme social ne savaient plus à quels saints (ou plutôt à quels « élus ») se vouer. Ceux que François Mauriac appelait les « chrétiens de l’autre bord », qui rêvaient de construire un « socialisme humaniste », qui avaient pris fait et cause pour les prêtres ouvriers, incarnaient selon lui « l’esprit franciscain adapté aux exigences de l’ère industrielle ». Denis ­Pelletier et Jean-Louis Schlegel ont récemment retracé leur histoire dans À la gauche du Christ (Seuil, 2012), dans lequel on redécouvre l’importance de l’engagement pour la décolonisation, contre la guerre d’Algérie, mais aussi le dialogue avec le marxisme du jeune Paul Ricœur ou d’Emmanuel ­Mounier. Sans oublier le droit au logement défendu par l’abbé Pierre.

Mais c’est dans le monde du travail et du syndicalisme que la présence des chrétiens de gauche aura été la plus massive. D’abord en milieu rural, avec la Jeunesse agricole catholique, puis dans le syndicalisme ouvrier et les débats sur l’autogestion, ainsi que dans la construction européenne. La génération des Jacques Delors et des Michel Rocard ayant passé la main, beaucoup se sentent orphelins. Certes, il y a encore des chrétiens à l’œuvre sous d’autres bannières, dans les associations humanitaires et caritatives, dans le mouvement altermondialiste. Mais on redécouvre leur présence chez les Verts et au Parti socialiste. Ceux-là vont pouvoir rejoindre Esprit civique, club très ouvert qui a attiré des personnalités telles que Jean Vanier, fondateur de l’Arche, ou Guy Aurenche, président du CCFD-Terre solidaire, peu connues pour leur engagement partisan. Pour eux, c’est certain, « le souci de la charité doit s’incarner dans l’action politique ».

Soutenu par Jacques Delors, qui se réjouit de voir les nouvelles générations reprendre le flambeau, Esprit civique organisera des colloques et des rencontres qui donneront lieu à des publications. Entre la montée des populismes, les enjeux de la laïcité, l’éthique en politique ou le rapport entre l’économique et le politique, les sujets de débat ne devraient pas manquer. Lieu de formation et d’information, notamment en direction des jeunes, ce think tank voudrait, au-delà du calendrier politique, « redonner du champ à la vie publique et contribuer au renouvellement civique de la gauche ».

http://www.lavie.fr/actualite/france/esprit-civique-le-retour-des-chretiens-en-politique-09-04-2013-38969_4.php


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