dinsdag 29 januari 2013

La plus belle histoire des femmes...


La plus belle histoire des femmes - Héritier / Perrot / Agacinski / Bacharan


Derrière le titre un peu pompeux de cet essai se cache tout simplement l'histoire de la condition féminine à travers les âges. L'ouvrage se présente sous la forme d'entretiens conduits par Nicole Bacharan, historienne et politologue, avec 3 femmes de qualité, spécialistes du sujet.

Découpé en 3 parties, il se penche tout d'abord sur les origines de la discrimination féminine qui remonte à la préhistoire, puis trace les grandes lignes de l'évolution du statut de la femme à travers les siècles et les différentes sociétés, avant de terminer en posant les bases philosophiques de la place des femmes contemporaines et la place qu'il leur faut trouver aujourd'hui.

C'est Françoise Héritier, anthropologue, qui débute la réflexion dans cette première partie. Elle explique que la supériorité du masculin sur le féminin est bien culturelle et remonte aux temps anciens des hommes préhistoriques. La femme a "le privilège exorbitant d'enfanter" des femmes à son image mais aussi des hommes. Ce pouvoir est dès lors la cause de la subordination des femmes : les hommes s'approprient les femmes afin de s'assurer qu'elles enfantent LEUR fils à eux. Ils les privent de liberté, leur refuse l'accès au savoir pour empêcher toute émancipation et les relègue dans le domestique.

Une conception originelle qui pose les bases de notre condition aujourd'hui et qu'on retrouve encore dans notre inconscient. Par exemple, lorsque vous expliquez à un enfant la procréation, on dit facilement que le papa met une graine dans le ventre de maman. Cela revient à dire que la femme est une "marmite" et que l'identité de l'enfant vient du père ! Françoise Héritier poursuit sa réflexion en précisant la répartition des rôles et les premières atteintes aux femmes (viols, mutilations sexuelles, ...)

Michelle Perrot, historienne spécialiste de l'histoire des femmes, dresse dans la seconde partie du livre le parcours de la femme à travers les époques. Les thèmes abordés sont extrêmement variés. Après avoir explicité son statut intime et personnel (bébés filles non désirées, instruction orientée, mariage, imaginaire amoureux, maternité, amour maternel, naissances non désirées, veuvages, ...), elle se penche ensuite sur ces femmes qui sortent des critères traditionnels (religieuses, saintes, femmes violées, prostituées, lesbiennes, femmes artistes ou écrivaines) en s'appuyant particulièrement sur le rôle de l'Eglise. L'historienne évoque ensuite le statut de la femme au travail, ses domaines de compétence très typés, la différence de salaire, l'évolution de son instruction. Elle termine enfin par la place des femmes dans la "cité", dans la sphère publique et politique où sont prise les décisions, son rôle de citoyenne et son statut juridique, et les débuts du féminisme.

Dans la dernière partie, Sylviane Agacinski, philosophe, ouvre la réflexion sur la pensée et l'identité féminine d'aujourd'hui. Elle évoque, par exemple, le problème du féminin dans la langue et les règles de grammaire ou les représentations domestiques encore en cours aujourd'hui. Mais la philosophe prône surtout le fait que les femmes doivent aujourd'hui inventer leur propre identité et non pas s'affirmer en copiant les hommes. Elles doivent assumer leur féminité et trouver une place équilibrée entre vie familiale, vie professionnelle et même politique. Selon elle, une parité inscrite dans la loi est indispensable pour faire avancer les choses. La philosophe est également contre les mères porteuses et la prostitution qui ne sont qu'une preuve supplémentaire que le corps féminin est nié tout comme son propre désir. Elle évoque également les nouvelles techniques de procréation et les dons de sperme et d'ovocytes qui modifie le rapport à la parentalité.

Vous l'aurez compris le regard et la connaissance que posent ces 4 femmes sur notre propre histoire en tant que femme est terriblement passionnant ! Cet essai se révèle presque une lecture indispensable pour les femmes mais aussi pour les hommes, afin de comprendre l'origine de cette non-égalité des sexes et des répercutions contemporaines qui en découlent.

Conduite sous forme de dialogues, la réflexion est très fluide et très dynamique. Nicole Bacharan questionne ses interlocutrices avec intelligence et permet de suivre un cheminement naturel dans la parole. Elle relance habilement, demande des précisions et nous suivons de manière addictive le schéma d'une condition féminine qui s'est faite avec le temps. Le récit est émaillé de nombreux faits concrets, de statistiques aussi parfois qui viennent éclairer de manière vivante et réaliste le contexte historique. Les propos ne sont pas conduit de manière chronologique et la situation de la femme se décrit surtout à travers les différents thèmes, tous connexes. On y trouve également de nombreux auteurs cités dont les textes reflètent de manière consciente ou non le rôle secondaire de la femme, tout comme des femmes de poids qui se sont dressés pour l'égalité des sexes ( George Sand, Simone de Beauvoir, Simone Weil, Olympes de Gouges, etc..).

Pour autant, les auteurs sont justes et sans gros parti-pris. Elles n'hésitent pas à pointer du doigt aussi les erreurs des défenseurs des femmes ou leur contradiction.

La plus belle histoire des femmes s'avère donc en définitive un ouvrage extrêmement salutaire dans une société qui continue de véhiculer l'inégalité des sexes au profit du masculin. Il ne s'agit bien sûr pas d'un ouvrage exhaustif retraçant de manière complète l'histoire de la condition féminine. Il y a tant à dire qu'en 300 pages, l'essai ne pouvait être que synthétique. Pourtant, il permet d'avoir une vision globale et fort bien sélectionné sur les grandes lignes du parcours féminin. Très accessible et sans érudition excessive, l'ouvrage pourra donc renvoyer chaque femme à sa propre identité et l'aider à prendre conscience de la place qu'elle doit prendre aujourd'hui.

Dans le Grenier à livres - http://legrenierdechoco.over-blog.com/article-la-plus-belle-histoire-des-femmes-86992787.html

Ne nous trompons pas de débat: a-t-on BIEN demandé l'avis des mères de famille? Qu'en pense une MPP, c'est-à dire une mère penseuse postmoderne?

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