zondag 2 maart 2014

"Le marché des drones civils promis au décollage"....

Le marché des drones civils promis au décollage
Le Monde.fr | 12.04.2013 à 09h23 • Mis à jour le 12.04.2013 à 09h38
Par Edouard Pflimlin

Les drones militaires sont au cœur des conflits contemporains : leur impact militaire est si fort que leurs règles d'engagement sont maintenant publiquement questionnées. Ils représentent un marché en pleine expansion, mais celui des drones civils, encore balbutiant, pourrait exploser, notamment aux Etats-Unis.

Le Congrès américain a imposé que l'espace aérien américain soit ouvert d'ici à octobre 2015 à ces objets volants sans pilote (appelés aux Etats-Unis UAS, Unmanned Aircraft Systems), qui seront d'abord expérimentés sur six sites. Ces essais doivent aider l'Agence fédérale de l'aviation (FAA) à étoffer le peu de réglementation qui existe sur ces appareils. Actuellement, les drones sont autorisés à voler au compte-goutte, pour des missions de services publics (pompiers, douanes...) ou des loisirs, et les plus petits d'entre eux doivent rester visibles à l'œil nu.

Mais le marché des drones civils va exploser, selon une étude de l'Association internationale pour les systèmes de véhicule sans pilote (Auvsi) sur "l'impact économique des systèmes aériens de drones aux Etats-Unis" et aura des retombées considérables. Parmi les multiples usages de ces appareils, l'étude conclut que l'agriculture de précision, par exemple pour surveiller les cultures et répartir les pesticides, et la sécurité publique, notamment pour aider la police et les pompiers sur les scènes de crime ou d'incendie, sont les marchés civils les plus prometteurs. Ces deux secteurs représentent environ 90 % des marchés potentiels connus, selon l'étude.

L'impact économique de l'intégration des drones au système aérien serait au total de plus de 13,6 milliards de dollars au cours des trois premières années, et d'un total cumulé de plus de 82,1 milliards de dollars entre 2015 et 2025. D'ici à 2025, la création d'emplois totale est estimée à plus de 100 000 emplois aux Etats-Unis.

D'autres applications pourraient se développer, notamment pour les actualités et le divertissement. Les drones joueront un rôle-clé dans la couverture de l'actualité et des événements sportifs à la télévision et le tournage de films, juge le rapport, mais aussi pour l'énergie, par exemple dans l'exploration gazière et pétrolière. Les services publics peuvent également les utiliser pour surveiller les lignes électriques. Dans le secteur de l'environnement, les drones peuvent observer en toute sécurité des événements météorologiques tels que les ouragans, ainsi que surveiller les conditions environnementales.

Ces multiples usages doperont leur nombre. D'ici à cinq ans, plus de 7 000 petits drones, des appareils de quelques kilos et beaucoup moins coûteux (quelques milliers de dollars) qu'un hélicoptère ou qu'un satellite, sillonneront le ciel américain, selon les estimations de l'Agence fédérale de l'aviation (FAA).

ATTEINTES À LA VIE PRIVÉE

Mais quelques nuages apparaissent dans cet horizon radieux, en particulier les problèmes d'atteintes à la vie privée. "Les mêmes drones sont aussi capables d'intercepter des messages sur les réseaux Wi-Fi, de suivre simultanément 65 personnes, ou d'identifier la marque d'un carton de lait à plus de 18 000 mètres d'altitude", prévient l'organisation de défense des droits sur Internet, Electronic Frontier Foundation (EFF). Ce n'est pas sans rappeler les questions sensibles autour des voitures StreetView de Google, condamné le 12 mars aux Etats-Unis pour avoir collecté des informations sur les connexions Internet quand les voitures étaient uniquement censées prendre des photos de rues.

"Des règles doivent être mises en place pour que nous puissions profiter de ces nouvelles technologies sans devenir une 'société de la surveillance'", demande l'association de défense des libertés privées ACLU. Une trentaine d'Etats américains travaillent déjà sur des législations pour limiter l'usage des drones, se félicite l'ACLU, qui milite pour que les Etats imposent des mandats judiciaires, interdisent la publication des images ou les empêchent de s'équiper d'armes non létales, comme les balles en caoutchouc. Sur un plan plus technique, les autorités devront également régler les problèmes d'insertion dans le trafic aérien, pour éviter les collisions.

QUESTION ÉMERGENTE EN EUROPE

Comme pour les drones militaires, l'Europe est en retard, mais commence à se préoccuper de la question des drones civils, la France en tête. Dans l'Hexagone, l'utilisation des drones est désormais encadrée par l'arrêté du 11 avril 2012 relatif à la conception et à l'utilisation des aéronefs civils qui circulent sans aucune personne à bord.

Certaines sociétés sont autorisées par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) à produire des drones civils en série. L'ADmkIV d'AIRdrone est le premier drone homologué par la DGAC pour une utilisation en agglomération. "Il ne faut pas s'attendre à voir des drones se multiplier au-dessus de nos têtes. Car la réglementation publiée par la DGAC il y a un an n'envisage que quatre scénarios d'usage très précis. L'un d'entre eux prévoit des vols à moins de 50 mètres au-dessus du sol et dans un rayon de 1 kilomètre au maximum, pour peu que l'on soit "hors d'une zone peuplée et sans aucune personne au sol dans cette zone d'évolution'", indiquaient récemment Les Echos.

Déjà, des drones sont utilisés en France. Ceux de la société Fly-n-Sense ont aidé les pompiers des Landes dans la lutte contre les incendies, ou les viticulteurs pour la surveillance sanitaire des vignes. Depuis un an, la DGAC a ainsi publié une liste d'une vingtaine d'opérateurs autorisés à travailler avec des drones. Delta Drone a déjà signé un contrat avec la station de l'Alpe-d'Huez pour des travaux d'inspection du relief pour l'été prochain, selon Les Echos. Et ERDF compte en utiliser notamment en Rhône-Alpes pour surveiller les lignes électriques d'EDF.

Le reste de l'Europe se réveille timidement. La Commission européenne a publié, le 6 septembre 2012, un document dans lequel elle prône une stratégie pour le développement des applications civiles des systèmes aériens pilotés à distance. Comme aux Etats-Unis, le marché militaire et civil européen des drones est promis à une forte expansion se chiffrant à des dizaines de milliards d'euros, selon les industriels du secteur.

L'industrie militaire, qui a développé le marché des drones, va continuer à le soutenir, selon Jean-Noël Stock, vice-président drones et renseignement au sein de Thalès systèmes aéroportés : "Sur la période 2005-2015, le marché militaire mondial des drones, dominé à 50 % par les Etats-Unis et 25 % par Israël, est estimé à 100 milliards d'euros". Mais "les drones civils vont [eux] avoir un développement exponentiel", à l'image de ce qui s'est produit dans le domaine militaire.

Edouard Pflimlin

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/12/le-marche-des-drones-civils-promis-au-decollage_3157216_3234.html

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