vrijdag 28 juni 2013

Attention à la surproduction...

Au-delà de l’espionnage technologique

Mise en données du monde, le déluge numérique

Amitiés, pensées, échanges, déplacements : la plupart des activités humaines donnent désormais lieu à une production massive de données numérisées. Leur collecte et leur analyse ouvrent des perspectives parfois enthousiasmantes qui aiguisent l’appétit des entreprises. Mais la mise en données du monde risque aussi de menacer les libertés, comme le montre le tentaculaire programme de surveillance conduit aux Etats-Unis.

par Kenneth Cukier et Viktor Mayer-Schönberger, juillet 2013
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Au IIIe siècle avant notre ère, on disait de la bibliothèque d’Alexandrie qu’elle renfermait la totalité du savoir humain. De nos jours, la masse d’informations disponibles est telle que, si on la répartissait entre tous les Terriens, chacun en recevrait une quantité trois cent vingt fois supérieure à la collection d’Alexandrie : en tout, mille deux cents exaoctets (milliards de milliards d’octets). Si on enregistrait le tout sur des CD, ceux-ci formeraient cinq piles capables chacune de relier la Terre à la Lune.

L’hyperinflation des données est un phénomène relativement nouveau. En 2000, un quart seulement des informations consignées dans le monde existaient au format numérique. Papier, film et support analogique se partageaient tout le reste. Du fait de l’explosion des fichiers — leur volume double tous les trois ans —, la situation s’est renversée dans des proportions inouïes. En 2013, le numérique représente plus de 98 % du total. Les Anglo-Saxons ont forgé un terme pour désigner cette masse devenue si gigantesque qu’elle menace d’échapper au contrôle des gouvernants et des citoyens : les big data, ou données de masse.

Devant leur démesure, il est tentant de ne les appréhender qu’en termes de chiffres. Mais ce serait méconnaître le cœur du phénomène : l’immense gisement de données numériques découle de la capacité à paramétrer des aspects du monde et de la vie humaine qui n’avaient encore jamais été quantifiés. On peut qualifier ce processus de « mise en données » (datafication). Par exemple, la localisation d’un lieu ou d’une personne a d’abord été mise en données une première fois par le croisement de la longitude et de la latitude, puis par le procédé satellitaire et numérique du Global Positioning System (GPS). A travers Facebook, même les goûts personnels, les relations amicales et les « j’aime » se changent en données gravées dans la mémoire virtuelle. Il n’est pas jusqu’aux mots qui ne soient eux aussi traités comme des éléments d’information depuis que les ordinateurs explorent des siècles de (...)

http://www.monde-diplomatique.fr/2013/07/CUKIER/49318

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