donderdag 6 december 2012

L'âne selon Buffon toujours...

Dans la première jeunesse il est gai, et même assez joli; il a de la légèreté et de la gentillesse; mais il la perd bientôt, soit par l'âge, soit par les mauvais traitements, et il devient lent, indocile et têtu... Il s'attache cependant à son maître, quoiqu'il en soit ordinairement maltraité; il le sent de loin  et le distingue de tous les autres hommes; il reconnaiît aussi les lieux qu'il a coutume d'habiter, les chemins qu'il a fréquentés; il a les yeux bons, l'odorat admirable, l'oreille excellente, ce qui a encore contribué  à le faire mettre au nombre des animaux timides, qui ont tous à ce qu'on prétend, l'ouïe très fine et les oreilles longues: lorsqu'on le surcharge, il le marque en inclinant la tête et baissant les oreilles; lorsqu'on le tourmente trop, il ouvre la bouche et retire les lèvres d'une manière très désagréable, ce qui lui donne l'air moqueur et dérisoire; si on lui couvre les yeux, il reste immoblie; et lorsqu'il est couché sur le côté, si on lui place la tête de manière que l'oeil soit appuyé sur la terre, et qu'on couvre l'autre oeil avec une pierre ou un morceau de bois, il restera dans cette situation sans faire aucun mouvement et sans se secouer pour se relever; il marche, il trotte, et il galope comme le cheval, mais ses mouvements sont petits et beaucoup plus lents. Quoiqu'il  puisse d'abord courir avec assez de vitesse, il ne peut fournir qu'une petite carrière pendant un petit espace de temps, et quelque allure qu'il prenne, si on le presse, il est bientôt rendu.

Source: Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence - Appendice Buffon - , Librairie Aristide Quillet, Paris, MCMXXVIII, p. 217.

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