vrijdag 23 november 2012

Et sur l'enseignement supérieur...

Que fait le système éducatif des grosses têtes? À quoi et qui servent ces têtes pensantes?


http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/090209/enseignement-superieur-remettre-les-cartes-sur-

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Questions.

De quoi héritent, en effet, les ministres, leurs cabinets et leurs directions centrales, les recteurs, les présidents d'université, le corps professoral et les centaines de milliers d'étudiants ?

  • d'un mécanisme qui détourne le quart des bacheliers les mieux notés en direction de classes préparatoires pluridisciplinaires des lycées, privant de fait les premiers cycles universitaires des meilleurs étudiants de chaque génération.
  • d'un réseau d'écoles d'ingénieurs et d'écoles de commerce, complètement extérieur à l'université, d'où sortent la plupart des cadres d'entreprise.
  • d'un circuit de formation des hauts fonctionnaires qui passe par les Instituts d'études politiques, puis par l'Ecole nationale d'administration. Il assure la reproduction du principal vivier des hommes politiques, qui ont en partage le fait de n'avoir jamais fréquenté l'université.
  • d'un mode dominant de sélection des docteurs en vue de l'exercice des responsabilités d'enseignants-chercheurs par le filtre de l'agrégation du second degré.
  • d'une ventilation des recrutements entre enseignants-chercheurs et chercheurs des organismes qui, dans un grand nombre de disciplines, est devenue illisible.
[...]

Une utopie ?

Et pourquoi donc l'université ne bénéficierait-elle pas directement des avantages de la sélection et de l'encadrement pluridisciplinaire offert par les classes préparatoires ? Et pourquoi donc faut-il que les formations les plus performantes d'ingénieurs et de cadres d'entreprise demeurent extérieures à l'université ? Et pourquoi donc nos hauts fonctionnaires ne seraient-ils pas formés dans les facultés de droit, de sciences politiques et d'économie, comme n'importe où ailleurs ? Et pourquoi donc la préparation aux concours du second degré demeure-t-elle une des épines dorsales des stratégies de recrutement des départements de disciplines à concours ? Et pourquoi donc des programmes de recherche qui portent sur des domaines enseignés partout donnent-ils droit à des carrières de chercheurs non enseignants ? Et pourquoi donc l'Institut universitaire de France, les délégations CNRS et les semestres sabbatiques des universités sont-ils si loin de couvrir les besoins ?

Questions utopiques que les opposants aux réformes actuelles ne souhaitent pas toujours poser. La communauté universitaire se tient devant deux fronts : contester une réforme que la recherche d'économies budgétaires décrédibilise et réformer l'existant qui est le système dual le plus inégalitaire que l'on puisse imaginer.

Le système à deux vitesses, en tout cas, n'est en aucun cas le fruit de la politique Darcos-Pécresse : c'est celui qu'ils ont trouvé en arrivant. C'est aussi lui qui rend illusoire le principe de l'autonomie, s'il n'est pas inscrit dans une véritable refondation du système. La simple dévolution de responsabilités académiques et infrastructurelles à des présidents d'établissements pourrait être sans aucun effet bénéfique. L'Etat, depuis deux siècles, légitime et reconduit un système dual, qui oppose les universités à tous les autres types d'établissements d'enseignement supérieur. Si deux vitesses il y a dans notre paysage universitaire, ce n'est pas au marché ou à l'idéologie de l'actuelle majorité qu'on le doit, mais à l'héritage historique de l'instruction publique française. La critique de l'action des ministres serait encore plus fondée, si elle partait sincèrement de ce constat.

[...]

Jean-Frédéric Schaub
Directeur d'études
Ecole des hautes études en sciences sociales

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