woensdag 21 november 2012

La fin des Temps modernes...

La fin des Temps modernes, à nouveau.

13 novembre 2012
Quand on essaye de comprendre ce qu’est la « modernité », on peut commencer par proposer une réponse historique. Les « Temps modernes » seraient alors, par exemple, cette période qui va de la fin du 15ème siècle à nos jours. Pourquoi cette date? L’immense réveil scientifique et philosophique qui a saisi l’Occident s’est intensifié à peu près à partir de la chute de Constantinople (elle a apporté la mémoire grecque au monde latin et elle a fermé les routes terrestres de l’Europe vers l’Asie), l’invention de l’Amérique, et la circumnavigation (évènements liés entre eux) ont alors donné au même Occident plusieurs longueurs d’avance sur le « reste » du monde.
Mais je pense que c’est la Réforme, au début du 16ème siècle, qui caractérise au plus haut point l’essence de la modernité philosophique. Luther a emblématiquement défini l’esprit moderne en affirmant avec force dans ses sola le nouvel esprit du temps: nominalisme, individualisme, déterminisme.
Cinq cents ans plus tard, il faut reconnaître l’incapacité des idées fondatrices de Luther et Calvin à jouer un rôle de guide pour affronter les défis de l’humanité, tels qu’ils se dessinent à l’aube du 21ème siècle.
Le nominalisme, avec son goût pour les faits et les singularités, a atteint ses limites ultimes avec les philosophies anglo-saxonnes du langage. Comment donner une définition du « bien commun » avec le nominalisme? Impossible.
L’individualisme outrancier d’une philosophie de « l’élection » réservée à une infime minorité, et refusée à l’immense masse des déchus de la Terre, n’est pas non plus un atout pour la bonne gestion d’une planète rétrécie, surpeuplée.
Le déterminisme (prôné par Luther sous la forme du « serf-arbitre » et par Calvin sous les espèces de la prédétermination de toutes choses par Dieu) a passionné une Europe dite des Lumières. Hobbes, Spinoza, Diderot, Voltaire, Marx, Freud, Einstein ont tous été partisans de cette théorie bizarre qui fait de l’homme un simple rouage dans un monde qui n’est lui-même qu’une grossière mécanique. Si l’homme est déterminé, à quoi peut bien servir de « vouloir » sauver la planète, au moment où l’ « anthropocène » modifie le climat, et arraisonne la Terre aux folles ambitions humaines?
Il nous faut donc entièrement renoncer aux idées « modernes » telles qu’incarnées par la Réforme. Pour les remplacer par leur exact contraire? Non, pas tout-à-fait, mais presque. Il faudra d’abord les confronter au nouvel esprit du temps, qui sera fait de métissages et de metaxu (ces « intermédiaires » platoniciens dont j’ai souvent parlé.)
Le nominalisme est bien incapable de comprendre l’idée même de metaxu, et la puissance vitale, inventive de l’inter-médiation, appliquée à la nature, au langage et à la société.
L’individualisme est le plus sûr moyen d’aller à la mort dans une planète de 10 milliards d’habitants entassés et énervés.
Le déterminisme est exactement la philosophie du tyran total. Donc il vaut mieux se préoccuper de son contraire, et encourager la réflexion sur la liberté.
Nous avons sous les yeux le générique de fin des « Temps modernes ». Il faut en tirer toutes les conclusions, sur le plan philosophique d’abord, puis sur les plans politiques, sociétaux, économiques, religieux.

http://queau.eu/
 

Geen opmerkingen:

Een reactie posten