zondag 11 november 2012

Chez JA - billet Go - par Sylvie, le 25 juillet 2012

Professeur â l’Université d’Ottawa, Pierre Lévy
« Le futur Web exprimera l’intelligence collective de l’humanité »
(…) L’intelligence collective existe dès les sociétés animales, des fourmilières aux hardes de babouins. Elle accomplit un saut fantastique avec l’humain du fait du langage, de la technique et des institutions complexes qui caractérisent notre espèce. L’évolution culturelle humaine peut être considérée comme un lent processus de croissance de l’intelligence collective, qui suit un parcours en zig-zag, plein d’essais et d’erreurs, mais avec quelques grandes étapes irréversibles à long terme : inventions de l’agriculture, de la ville, de l’état, de la monnaie, de la science expérimentale, des moyens de transport modernes, etc. Les écritures idéographiques, l’alphabet, l’imprimerie et les médias électroniques ont joué un rôle important dans cette évolution culturelle vers une intelligence collective plus efficace. Dans ces derniers cas, il s’agit d’une augmentation de la puissance du langage. Il est clair qu’une bibliothèque ou un fichier manuel partagé est déjà un dispositif de mutualisation du savoir. Je crois que l’avènement du Web représente un pas de plus dans cette longue histoire.
Le Web accomplit trois grandes mutations :
1) tous les documents et tous les types de représentation sont virtuellement interconnectés.
2) Tout document présent en un point du réseau est virtuellement présent partout dans le réseau.
3) Les signes ont acquis une capacité d’action et d’interaction autonome grâce au logiciel.
La culture dont nous avons hérité est construite sur d’autres prémisses… Il va nous falloir plusieurs générations pour comprendre et exploiter au mieux ces transformations dans le sens d’une amélioration de l’intelligence collective.
Comment arrive-t-on à la notion d’écosystèmes d’idées ?
Les sciences humaines telles que l’économie, la sociologie, la psychologie, etc, étudient chacune un aspect de la vie culturelle. Je crois que c’est précisément ce découpage disciplinaire qui empêche l’émergence d’une véritable science de l’homme. Les sciences de la nature se sont constituées au XVIIe siècle à partir d’une unification de l’espace, d’une suppression des barrières imaginaires qui séparait le monde céleste et le monde sublunaire (terrestre) dans la cosmologie médiévale. La loi de la gravitation est universelle, elle s’applique aussi bien à une pomme qu’à une planète et aussi bien sur une étoile que dans ma cuisine. Il est temps de réaliser cette unification, cette tombée des cloisons, dans l’étude de l’univers culturel.
La notion d’écosystème est particulièrement intéressante parce qu’elle permet de penser en même temps l’interdépendance dans un même espace (l’unité), la diversité des espèces, l’évolution et le changement. Ainsi, il devient possible de suivre l’intégralité des cycles de transformation dans l’univers symbolique (ou culturel) au lieu de s’arrêter au petit bout de circuit disciplinaire. Que dirait-on d’un biologiste qui prétendrait expliquer tout un écosystème en n’étudiant que les plantes ? Ou d’un autre qui voudrait tout expliquer à partir des insectes ? D’un troisième qui ne considérerait que les mammifères ? Eh bien, dans l’étude du fonctionnement des sociétés humaines, nous en sommes là… Quant à la notion d’idée, il faut la prendre au sens technique que je lui donne dans ma théorie de l’intelligence collective : il s’agit de formes vivantes en interaction, qui se reproduisent, évoluent et ne peuvent subsister qu’en symbiose avec des sociétés de primates parlants. Donc une voiture, un poème ou une entreprise sont des idées parce qu’elles n’existent pas dans le monde animal et jouent dans la vie culturelle le rôle actif que je viens de décrire. Mon concept d’idée est essentiellement pragmatique. (…)
http://www.journaldunet.com/itws/it_plevy.shtml

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