zondag 23 september 2012

Quand l'Europe se fait.... Le 22 septembre 1984: poignée de main Mitterrand et Kohnl

Il y a cinquante ans, à Ludwigsburg, le général de Gaulle scellait la réconciliation avec l'Allemagne d'Adenauer.

François Hollande sera samedi aux côtés d'Angela Merkel à Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg) pour lancer l'«année franco-allemande». Celle-ci culminera avec le cinquantième anniversaire du traité de l'Élysée qui scella la réconciliation franco-allemande, le 22 janvier 1963. Un demi-siècle plus tard très exactement, les deux Parlements français et allemands se réuniront à Berlin. Entre-temps, de multiples expositions, conférences et débats citoyens auront été organisés dans les deux pays. L'«année» s'achèvera en juillet 2013 à Paris, où l'on fêtera le cinquantenaire de l'Office franco-allemand pour la jeunesse (Ofaj), une des initiatives phares du traité de l'Élysée.
Autant de commémorations dont on souligne, des deux côtés du Rhin, la portée hautement symbolique au moment où l'histoire est bousculée par l'actualité - crise de l'euro en tête - et par des divergences de fond sur l'avenir de l'Union européenne. Samedi, le chef de l'État prononcera un discours à la jeunesse allemande, en écho à celui qu'a adressé le général de Gaulle aux jeunes d'outre-Rhin, dans cette même ville, le 9 septembre 1962, au terme d'un voyage qui l'avait mené à Cologne, Bonn, Düsseldorf, Duisburg, Hambourg et Munich. Un voyage historique, le premier d'un président français depuis la fin du conflit mondial, qui répondait à la venue en France, tout aussi inédite, du chancelier allemand Konrad Adenauer, trois mois plus tôt. Le 8 juillet 1962, le président et le chancelier étaient côte à côte dans la cathédrale de Reims.
À Ludwigsburg, François Hollande et Angela Merkel vont actionner la machine à remonter le temps. Le 9 septembre 1962, de Gaulle s'était adressé aux jeunes Allemands, dans la langue de Goethe, avec ces mots puissants: «Vous pouvez être fiers, vous êtes les enfants d'un grand peuple.» Le «vainqueur» venait apporter l'absolution aux fils du pays vaincu. La page du ressentiment et de la culpabilité pouvait commencer à se tourner. Samedi, dans son discours, François Hollande ne devrait pas parler l'allemand qu'il ne maîtrise pas, même si ce fut sa première langue étrangère à l'école.
Cinquante ans après les pères fondateurs, la même ferveur n'est plus au rendez-vous. Elle a cédé le pas au pragmatisme. Le «couple» n'en est plus un. Restent deux dirigeants sans empathie personnelle qui sont contraints par le rôle dominant de leurs pays dans l'UE de se rapprocher, souvent au forceps. On l'a bien compris, des deux côtés du Rhin, lorsqu'il s'est agi d'organiser le cinquantenaire du traité de l'Élysée. Nicolas Sarkozy voulait des gestes forts. Élaboré depuis un an, le projet conçu, côté français par la Fondation Charles-de-Gaulle, présidée par Jacques Godfrain, a été repris clés en main par l'équipe Hollande après le 6 mai. De passage à Reims durant la campagne présidentielle, le candidat PS avait promis d'y revenir en juillet s'il était élu. Angela Mer­kel, de son côté, s'était engagée à aller à Ludwigsburg. La chancelière et le nouveau président ont finalement décidé de croiser leurs visites.

«Réenchanter» les relations

«Les Allemands ont mis plus de temps à s'investir dans les commémorations qui leur parlent moins qu'en 1962, car il n'y a plus outre-Rhin comme alors ce même besoin de France», note une source française qui a suivi la préparation des événements. Les choses ont ensuite évolué, l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg jouant, parmi d'autres, un rôle très actif. À Paris, comme à Berlin, on a bien vu l'intérêt que pouvait représenter ce cinquantenaire. Pour François Hollande, c'est se démarquer de Nicolas Sarkozy, en s'efforçant d'imposer sa marque à une amitié franco-allemande qu'il se refuse à «surjouer», selon le terme utilisé dans son entourage. Pour leur part, «les Allemands y voient un moyen de resserrer les liens avec un allié, la France, qui parle désormais volontiers d'amitié non exclusive et dont ils sont donc moins sûrs qu'avant», analyse notre interlocuteur.
Ces commémorations peuvent-elles contribuer à «réenchanter» les relations franco-allemandes abîmées dans d'incessantes querelles? «La dimension mémorielle est importante, juge Bernard Cazeneuve, elle nous rappelle que deux responsables politiques de premier plan ont pris de grands risques au nom d'une vision commune de l'Europe, ce que les deux peuples auraient bien pu alors ne pas accepter.» Pour le ministre des Affaires européennes, cela montre qu'«il ne faut pas laisser les oppositions conjoncturelles porter atteinte à ce que nous pouvons réaliser ensemble dans le temps long de l'histoire».
Bruno Le Maire, en revanche, craint que l'on «ressasse». «Rien ne serait pire que des commémorations minimisant le divorce que l'on constate aujourd'hui entre la France et l'Allemagne», souligne l'ancien ministre pour qui «la priorité est maintenant à un travail réciproque qui permette de réduire les différences et une entente sur un projet ambitieux pour l'Europe». Ambitieux, «transgressif» même, comme le fut à l'époque le traité de l'Élysée. «Aujourd'hui, on serait incapable de le refaire», estime Bruno Le Maire.

 

 

Le président français et la chancelière allemande célèbrent à Ludwigsburg les noces d'or des relations entre leurs deux pays.

De notre envoyé spécial à Ludwigsburg
François Hollande et Angela Merkel se sont retrouvés ce samedi à Ludwisgburg, pour fêter 50 ans d'amité franco-allemande. Sous les rayons d'un soleil pointant entre les nuages, le président français et la chancelière allemande se sont adressés à un parterre de politiques, de jeunes des deux pays et de citoyens de la ville rassemblés dans la cour d'honneur du château, à l'endroit même où le général De Gaulle avait prononcé son célèbre discours de réconciliation le 9 septembre 1962.
Contrairement à Charles de Gaulle, qui avait appris par cœur son discours en allemand, pour s'adresser directement à la jeunesse du pays, le président et la chancelière se sont exprimés chacun dans leur langue. Ils ont tous deux insisté sur la nécessité d'apprendre le langage du voisin sur les deux rives du Rhin. «Vive la jeunesse franco-allemande, vive la jeunesse européenne», a simplement conclu Angela Merkel en français. La chancelière a rendu un hommage appuyé au général De Gaulle, dont les mots avaient libéré une jeunesse encore traumatisée par la culpabilité de l'Holocauste et la défaite de la Seconde Guerre mondiale.
«J'avais 8 ans à l'époque du discours. Le mur était érigé depuis un an. Je vivais en RDA. Et à l'époque on croyait cette division irréversible», a raconté la chancelière. Avant de se féliciter de la réunification allemande et de la réconciliation franco-allemande, socle d'une «unification européenne qui a ouvert la porte de la prospérité sur un continent déchiré par des siècles de guerre». Et d'évoquer les difficultés actuelles auxquelles est confrontée l'Europe, notamment le chômage des jeunes et le défi démographique provoqués par la dénatalité. «L'Allemagne et la France ont une responsabilité particulière» dans la résolution de la crise, a-t-elle souligné.

«Rallumer la flamme du vieux couple franco-allemand»

Evoquant «les déséquilibres de la finance», «l'ampleur des dettes accumulées», «le chômage élevé» et «l'angoisse des jeunes pour leur avenir», le président français a jugé que l'Europe doit surmonter «une crise morale». «La réponse à la crise de l'Europe à un nom: l'Europe elle-même», a lancé Hollande, soulignant ainsi la nécessité d'aller de l'avant dans l'intégration. Et de prolonger ainsi l'œuvre des pères fondateurs de l'unification, Charles de Gaulle et son ami le chancelier Konrad Adenauer. «Vous êtes les enfants d'un grand pays. Plus encore que celui que connût le Général de Gaulle», a-t-il dit faisant écho aux paroles de l'ancien officier qui avait combattu durant les deux guerres mondiales et avait loué «le grand peuple allemand» devant sa jeunesse à Ludwigsburg. «Construisez l'Europe à votre image: exigeante, morale, généreuse, ouverte», a ensuite lancé François Hollande. Et de conclure en s'adressant à la jeunesse franco-allemande et européenne: «C'est à vous maintenant de donner réalité à vos espérances et un avenir au rêve européen».
Un film projeté sur écran géant a retracé les moments forts du discours du général et les grandes étapes de la réconciliation franco-allemande et de l'unification européenne dont le couple se veut le moteur. Hollande a rappelé la nécessité de «rallumer chaque jour la flamme» dans le «vieux couple» franco-allemand.
Les célébrations étaient le prélude à un déjeuner de travail, cinquième tête à tête entre les deux chefs d'Etat depuis l'entrée en fonction de François Hollande en mai. Au menu: le projet de fusion des groupes aéronautiques et de défense EADS-BAE et la crise de la dette dans la zone euro. L'Allemagne et la France, respectivement première et deuxième économie de l'Union, n'ont d'autre choix que de s'entendre s'ils veulent sauver la monnaie unique, même si les différends persistent.
Alors que la France est soucieuse d'aller vite sur le dossier de la supervision bancaire, en Espagne comme en Grèce, l'Allemagne ne partage pas le même sentiment d'urgence. François Hollande est déterminé à obtenir des «décisions» sur ces trois sujets au sommet européen des 18 et 19 octobre, afin de rétablir un minimum de confiance dans l'espoir d'un rebond salvateur de la croissance. L'Allemagne prévient, elle, que la sortie de crise prendra du temps. Mais aucune décision n'était attendue lors de la rencontre de samedi…l'élan de Ludwigsburg devra encore attendre.


Et ceci:


http://www.dailymotion.com/video/xam43b_poignee-de-main-mitterrand-kohl-du_news

http://fr.wikipedia.org/wiki/Poign%C3%A9e_de_main_de_Fran%C3%A7ois_Mitterrand_et_Helmut_Kohl_%C3%A0_Douaumont


Chez Jacques Attali, ce dimanche 23 septembre 2012:

C'est un secret pour personne, je travaille à ma façon,  à une Europe solidaire, humaine et spirituelle. Cet été, nous sommes passés par Verdun, nous nous y sommes arrêtés, quelques petits signes... Voilà bien le coeur de l'Europe.
Nous étions à Douaumont, où le 22 septembre 1984, Messieurs Mitterrand et Kohl se donnèrent la main, quelle belle symbolique! Nous n'oublions pas ce geste. Et alors que l'Europe doit se faire, j'écris ici d'ici pour rappeler aux internautes que l'Europe se fera, mais une Europe dotée de BONNES valeurs pleine d'humanité et qui n'exclura personne. Nous savons tous qui guide l'Europe en vérité...



 

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